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Plaisir non coupable.
Au rayon horreur, il devient de plus en plus rare d’être agréablement surpris maintenant que la vague (et la mode) de l’elevated horror comme ils disent commence à s’essouffler. En effet, on est forcément moins surpris que lorsque les premiers avatars de cette mouvance sont apparus tels que le fameux « Midsommar » d’Ari Aster, même si parfois une œuvre magistrale et puissante mais aussi clivante comme « Men » l’an passé nous parvient. Ce sont des classiques de l’horreur dite intellectuelle. Sinon, on le droit à une palanquée de films de genre aux sursauts faciles, entre franchises éprouvées (les « Insidious » par exemple), navets (allez au hasard car ils sont nombreux, le récent « M3GAN ») et quelques bonnes surprises occasionnelles comme « Evil Dead Rise ». Et dans le sous-genre du slasher, presque moribond à l’exception faite de la saga « Scream » récemment exhumée, c’est encore plus le cas. Alors de voir une œuvre simple, humble, sincère et réussie comme « Hell Fest » est une bonne surprise qui ne se refuse pas car elle transpire l’amour du genre et nous donne enfin ce qu’on attend d’un tel film si l’on excepte la relative sympathique résurrection de Michael Myers...
Bien sûr, rien de transcendant ici, mais un film de série B honnête et qui va droit à l’essentiel. Un petit slasher bien troussé qui respecte les codes et ne les casse pas mais plutôt leur rend honneur en cochant presque toutes les cases du film de genre maîtrisé et, surtout, respectueux du genre et de ses fans. Deux aspects bien distincts confèrent à ce « Hell Fest » ses qualités les plus significatives : on a d’abord l’exploitation parfaite de son contexte (un festival d’Halloween et de la peur entre attractions, jeux de rôles et concert) et ensuite les situations réalistes et crédibles qui nous sont présentées (et ce n’est pas si souvent dans ce type de films). Ce festival de l’horreur au sein duquel vont se retrouver les protagonistes et un tueur masqué sadique est un décor facile mais ô combien optimisé ici. De l’habituel train fantôme au labyrinthe en passant par tous les festivaliers masqués ou à des jeux de rôles super réalistes, tout concourt à créer une atmosphère parfaitement indiquée pour des meurtres. Par exemple, les brumes nocturnes, les illusions horrifiques du parc ou la présence de comédiens censés faire peur aux festivaliers sont également parfaitement exploitées.
Ensuite, il y a un paradoxe notoire ici. Les personnages ne sont que de la chair à charcuter avec des profils ô combien basiques. C’est indéniable. Mais le jeu des acteurs est étonnamment bon et les situations dans lesquelles on les met sont cohérentes et jamais grossières ou improbables. On est étonné de voir que, pour une fois, les protagonistes prennent des décisions logiques et qu’aucune incohérence ne vienne perturber notre adhésion à leur supplice. La réalisation est adaptée, quoiqu’un peu vieillotte ce qui donne à ce slasher un charme suranné. De plus, le tueur masqué de ce « Hell Fest » est flippant et les meurtres sont bien sadiques (on retient celui d’une jeune fille devant l’héroïne qui pense que c’est une mise en scène ou celui d’un jeune homme dont on transperce l’œil). Il n’y a aucun temps mort et le final a le bon goût de ne pas verser dans l’explicatif pour, au contraire, nous asséner une conclusion hautement dérangeante et malsaine mais presque atone. Alors certes ce n’est pas du grand cinéma mais on est loin du Z et c’est clairement une bonne surprise qui nous donne ce qu’on attend de ce type de film. Un plaisir non coupable au final!
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