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Plus Zara que Dior.
Une œuvre qui fait se rencontrer l’univers de la haute couture et celui des banlieues n’était pas en soi une mauvaise idée. On sait à quel point le cinéma aime téléscoper les opposés pour déclencher les rires et parfois aussi les pleurs, voire même les deux en même temps. Ici on est dans un entre deux. « Haute couture » n’est pas vraiment une comédie puisqu’on y rit très rarement. Hormis quelques répliques ou un comique de situation tous deux dus au petit choc des cultures provoqué par la rencontre entre deux personnages diamétralement opposés, il n’y pas vraiment de raison de rire. On ne peut pas dire non plus que ce soit un drame malgré quelques éléments plutôt tristes. Le fait de ne pas choisir est peut-être justement l’un des points faibles de ce film qui se positionne plus comme une petite chronique sur la rencontre de deux mondes à priori non solubles l’un dans l’autre.
Mais « Haute couture » souffre de trop de clichés et d’un manque de réalisme pour qu’on adhère totalement à sa proposition. Du vol du sac qui initie la rencontre à l’évolution psychologique de ces deux personnages, on hésite entre le conte de fées et l’improbable et cela n’aide pas à rentrer dans le long-métrage qui se veut crédible. Si le duo principal joué par Nathalie Baye (qu’on a connue moins figée et plus en forme) et Lyna Khoudri (impeccable) fonctionne, on a tout de même beaucoup de mal à croire en la possibilité d’un tel attachement mutuel. En ce qui concerne les seconds rôles ce n’est guère mieux, la plupart relevant du cliché, voire presque de la caricature (la collègue raciste jouée par Claude Perron ou la meilleure amie). Le pire et la palme du ridicule : le personnage de Clotilde Courau, un personnage qui aurait eu davantage sa place dans une comédie franche mais qui dénote trop ici. Quant à la mise en scène, elle est presque inexistante et s’apparente plus à celle d’un téléfilm de France Télévisions.
On passe tout de même un bon moment devant « Haute Couture ». Le montage est assez resserré pour que l’on ne s’ennuie pas et il y a assez de développements (même si la plupart sont prévisibles) de manière à ce que l’on prenne un certain plaisir. Il y a quelques séquences cocasses ou touchantes qui font leur petit effet et on peut dire que, sans verser dans le documentaire, le film de Sylvie Ohayon nous immerge dans le monde de la création des maisons de couture avec assez de soin pour éveiller notre intérêt. Loin d’un « Yves Saint-Laurent » certes, on voit néanmoins comment fonctionne la création d’une collection et c’est presque un hommage à toutes ces couturières de l’ombre. Les bons sentiments qui font de ce film une petite sucrerie inoffensive sont distillés avec assez de parcimonie pour que cela ne vire pas non plus à l’excès ou l’indigestion comme son personnage principal qui se gave de bonbons. Pas désagréable mais loin d’être mémorable tout de même, car un auteur plus chevronné aurait pu tirer quelque chose de plus profond et réaliste (ou de carrément plus drôle) d’un tel sujet.
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