Il s'agit presque d'un cliché, d'un sophisme : « impossible! », croit-on, d'adapter un livre au grand écran. C'est pourtant la sixième fois qu'Harry Potter, le petit sorcier de J.K. Rowling, passe de la page au cinéma avec, à nouveau, plus (Harry Potter et la coupe de feu) ou moins (Harry Potter et l'Ordre du Phénix) de succès. Ce nouveau film s'enlise un peu plus dans cet aspect sectaire qui exclut quiconque n'aurait pas lu au préalable toutes les aventures de Potter. Vous rétorquerez - et vous aurez raison - qu'on n'irait pas voir ce sixième Harry Potter sans avoir dévoré tous les livres de la série. Logique, mais un film doit quand même être auto-suffisant.
Pour sa sixième année à Poudlard, Harry doit prendre plus de responsabilités. Avec le professeur Dumbledore, il manigance le retour à Poudlard du professeur Horace Sloghorn, qui détient peut-être la clé de la puissance de Voldemort. Pendant que les Mangemorts attaquent l'entourage d'Harry, ce dernier mène son enquête à travers les tribulations amoureuses de ses compagnons adolescents.
Harry et ses compagnons Hermione et Ron n'échappent pas à d'immenses failles logiques qui minent sérieusement la crédibilité de leur combat contre les forces du mal. Pourquoi Harry, s'il est l'Élu, ne cesse-t-il pas ces enfantillages d'élixirs d'amour et ne se prépare-t-il pas à ce combat à mort qu'il devra livrer à Voldemort? Que lui enseignent ses professeurs? Et qui plus est, comment un sorcier aussi puissant que Dumbledore peut-il être menacé par cet étudiant maléfique? La série commence à montrer ses premières failles mythologiques qui laissent paraître une improvisation dramatique. Même s'il a retrouvé un sens de l'humour fort bienvenu, le sorcier ne semble pas être prêt à l'affrontement final, qui passera nécessairement par une surenchère d'effets spéciaux artificiels. Mais si le livre y parvenait seulement avec des mots, pourquoi pas le film?
Les personnages posent des gestes grandiloquents et inexplicables, en particulier le professeur Rogue, dont l'importance est minime dans ce récit qui l'implique pourtant grandement. Les dialogues sont souvent d'une bêtise rare et retardent inutilement un récit déjà trop dilué. Pourtant, les effets spéciaux sont efficaces et les personnages attachants. Les lecteurs seront certes enchantés par leur retour. Les jeunes comédiens qui les incarnent n'ont cependant pas tous le même talent. La qualité du jeu de Daniel Radcliffe est inversement proportionnelle à son expérience; il est vide et peu impliqué émotionnellement. Rupert Grint est le plus à l'aise du lot, lui qui assure l'aspect comique de l'aventure. Les adultes sont cependant d'une grande efficacité, en particulier Michael Gambon dans le rôle de Dumbledore, et Jim Broadbent dans celui du Professeur Sloghorn.
Un plaisir renouvelé pour les lecteurs, on n'en doute pas, mais pour les autres, cet univers complexe et dorénavant confus (depuis que David Yates a pris les commandes, en fait) est de plus en plus chancelant. On sent même souvent l'improvisation dans l'enchaînement des péripéties, de même qu'on devine les nombreux passages sacrifiés lors du passage du livre au grand écran. Mauvaise nouvelle : c'est Yates qui chapeautera les deux films qui adapteront le septième volet au grand écran.