D'abord, avant même de parler de la qualité de la production, on doit admettre qu'Harold and the Purple Crayon ne référait à rien pour nous. Si le livre pour enfants de Crockett Johnson est un classique au sud de la frontière, ici, au Québec, ce bouquin de 1955 est très peu connu. Déjà, on partait avec un obstacle : ces personnages complètement loufoques - grotesques même - ne venaient pas toucher notre fibre nostalgique. On pardonne beaucoup moins facilement dans ces circonstances...
Harold and the Purple Crayon raconte l'histoire d'un enfant adulte (ce bout-là n'est pas clair...) d'Harold, qui peut créer n'importe quel objet avec son crayon magique. Lorsqu'un matin, il n'entend plus la voix familière de son grand-père, il s'inquiète pour lui et décide d'aller à sa recherche dans un endroit dont le vieil homme lui a souvent parlé : le monde réel. Ses amis l'orignal et le porc-épic l'accompagnent à travers la grande porte spatio-temporelle. Là-bas, il fera la rencontre de Terry et de son fils Mel, qui tâcheront de l'aider dans sa quête. Mais, ce ne sont pas toutes les personnes qu'il croisera qui auront des intentions aussi pures que ses deux nouveaux amis, et un crayon magique comme celui d'Harold peut causer bien des dégâts s'il se retrouve entre de mauvaises mains...
L'idée de personnages de fiction qui voyagent jusque dans le monde réel, c'est du déjà-vu. Si Greta Gerwig a réussi à réusiner le concept avec son Barbie, ce n'est pas tout le monde qui peut apporter un oeil nouveau à ce concept suranné. Le réalisateur Carlos Saldanha n'y arrive certainement pas. Si au moins ses personnages étaient amusants, on aurait pu oublier le cadre qui les entoure. Mais ils sont si pitoyables que notre abrutissement n'en est que décuplé. Harold est un grand gaillard insouciant de six pieds qui est tombé dans le Guru comme Obélix est tombé dans la potion magique. Orignal est un homme noir peureux et naïf qui est très inutile dans cette histoire, et Porc-épic (la pire des trois) est une punk qui renifle et grogne au gré de son parcours soporifique.
Le film veut nous faire croire au pouvoir de l'imagination et pourtant, il fait preuve de bien peu d'esprit. Il est fade, rigide, prévisible, stéréotypé et stupide. Les enfants de moins de 6 ou 7 ans pourront peut-être réussir à trouver dans Harold and the Purple Crayon un peu de magie, mais pour tous ceux qui savent colorier à l'intérieur des lignes, cette oeuvre est un gribouillage qui ne vaut certainement pas le prix d'entrée au cinéma.