Avec un titre comme Hansel and Gretel: Witch Hunters, on avait des indices sur la futilité et la pauvreté de l'oeuvre que nous proposerait Tommy Wirkola en cette fin du mois de janvier, une période jamais très rentable au box-office. Mais avec Jeremy Renner et Gemma Arterton dans les rôles principaux, on avait tout de même un espoir que l'insignifiance de la production ne soit pas aussi épouvantable qu'on l'envisageait. Que c'est beau l'optimisme la naïveté! Hansel and Gretel: Witch Hunters est exactement ce que l'on craignait; risible, absurde, sanguinaire et, surtout, grandement inutile. Faire une nouvelle adaptation cinématographique du conte d'Hansel et Gretel - ces deux enfants attirés dans la maison de bonbons d'une sorcière malveillante - n'est pas très original, certes, mais brosser le portrait du duo de frère et soeur, maintenant trentenaire et recyclé en chasseur de prime, était plus que simplement banal, c'était stupide. On en a aujourd'hui la preuve concrète.
Comme bien dans bien des films dont l'histoire manque de substance, les coïncidences et le hasard ont des rôles prépondérants au sein de la narration. Les héros sont souvent sauvés in extremis par des adjuvants inattendus et aboutissent dans des endroits surprenants, forts utiles à l'évolution du récit. Quand les deux protagonistes se retrouvent fortuitement dans la maison de leur enfance après avoir été séparés ou quand ils tombent par accident sur la bicoque faite de friandises qui est la source de leur fatalité, on décroche irrémédiablement et on discrédite la logique - déjà faible - du long métrage. Et c'est sans parler des injections que doit se faire Hansel aux trois heures à cause des bonbons que lui a fait manger la sorcière de son enfance et des facultés surnaturelles de Gretel, qui le déprécient encore davantage.
Il n'y a pas que l'histoire qui frise l'impardonnable, la réalisation et la direction artistique sont aussi leur part de culpabilité. A-t-on vraiment besoin de tant de démembrements, d'éviscérations, d'écartèlements et de luxations pour faire comprendre aux spectateurs la brutalité du métier qu'on choisit Hansel et Gretel? Lorsque le public décide d'aller voir un film de Tarantino, par exemple, il est conscient de la violence et des bains de sang qui feront partie prenante du récit, mais lorsqu'il choisit une oeuvre comme Hansel and Gretel: Witch Hunters, il est fort probable que cette sauvagerie soit inattendue et choquante. Si au moins elle était pertinente, qu'elle apportait une dimension particulière à la production, peut-être serait-elle excusable, mais elle n'est ici que parasitique. Les maquillages s'avèrent assez bien réalisés, mais leurs trop grandes excentricités les mènent parfois jusqu'à l'absurdité.
Il ne serait pas surprenant que Renner et Arterton regrettent dans quelques années - ou même maintenant - que Hansel and Gretel: Witch Hunters figure sur leur CV, qui était pourtant jusqu'à présent assez impeccable (parlons pour Jeremy Renner puisque Gemma Arterton est tout de même apparue dans Clash of the Titans et Prince of Persia: The Sands of Time). Heureusement, le système étant ainsi fait, on oubliera rapidement que des producteurs ont un jour investi dans la bonne idée de faire de Hansel et Gretel des chasseurs de sorcières ou celle de faire de Jack et le Haricot magique, un chasseur de géants (un autre de ces grands succès qui nous attend prochainement).