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Les Revenants.
On pense fortement au pitch du film « Les Revenants » de Robin Campillo, film français qui a inspiré et accouché d’une série éponyme de meilleure qualité encore, lorsque débute ce film indépendant venu du froid. Des morts qui se réveillent et avec lesquels les vivants vont devoir compiler alors que leur décès les hante encore. L’absence de l’être cher perdu récemment dont on retrouve l’enveloppe mais pas l’âme. Vous l’aurez compris, « Handling the Undead » est à mille lieux de tous les films de zombies, majoritairement horrifiques et versés sur le gore comme « L’Armée des morts » pas plus qu’il ne ressemble à un blockbuster sur le sujet tel que « World War Z ». Un peu comme « Warm Bodies » l’avait fait en mettant à l’honneur la comédie romantique dans le film de morts-vivants, ce film d’auteur tente lui le drame psychologique et utilise ces zombies pour parler de la vie, de la mort, d’amour et de la notion de manque. Comme si Bergman rencontrait Romero.
Il y a d’ailleurs quelque chose qui nous happe dans la première partie du film alors que toutes ses caractéristiques prêtent à ne pas l’être. En effet, il faut avouer que tout cela est austère, lent en plus d’être presque muet et désespérément triste. On peut donc clairement affirmer que « Handling the undead » ne se présente pas comme une œuvre facile. Pourtant, la sublime musique de Peter Raebrun emballe magnifiquement le long-métrage et la cinéaste Théa Hvistendahl filme son histoire avec beaucoup de goût lui donnant une enveloppe esthétique dans les gris-verts de toute beauté en plus de cadrages adroitement travaillés. En outre, l’atmosphère développée ici est anxiogène et angoissante et participe à l’étrangeté de cette histoire tout en laissant paraître une jolie once de mélancolie. Une histoire qui aurait tout aussi bien pu faire trois courts-métrages sur ce même thème. En effet, on suit trois groupes de personnages face à ce retour d’un vivant. On aurait peut-être aimé que les histoires se rejoignent car ce passage de l’une à l’autre montre un déséquilibre entre elles, un déséquilibre propre à ce type de procédé de films segmenté, à sketches ou choraux. La partie avec la mère ayant perdu son fils demeure la plus singulière et captivante même si les trois sont touchantes.
Malheureusement, si la partie formelle de ce film norvégien est inattaquable et de toute beauté en plus d’être en adéquation avec le sujet, cette froideur clinique de l’image est aussi son talon d’Achille, rendant le film presque morne et atone. Mais c’est surtout le choix d’un rythme si languissant qui pêche. Au fur et à mesure, on finit par s’ennuyer, les plans silencieux et les séquences sans intérêt s’enchaînant et aboutissant à une œuvre bien trop neurasthénique. La conséquence est que le spectateur peut commencer à trouver le temps long au bout d’un moment. On est certes dans une enveloppe typiquement scandinave ici (l’histoire est tirée du même auteur que celui de « Morse » et « Border » d’ailleurs) mais ce traitement à combustion (trop) lente finit par se retourner contre le film. En plus, jamais le script ne renouvelle ses enjeux dramatiques, laissant s’écouler des scènes molles et redondantes jusqu’à une toute dernière ligne droite qui se permet un chouïa de violence et d’émotion sur une dizaine de minutes. C’est trop peu, « Handling the undead » avait déjà perdu une partie de notre attention. Beau à regarder mais ennuyant à vivre, voilà un film décidément très austère.
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