« This is the way the world ends. Not with a bang but a whimper. » - T.S. Eliot
Le scénario typique d'une bonne vieille apocalypse de zombies débute toujours sensiblement de la même façon : les morts recommencent à marcher (ou à courir), puis se jettent aussitôt sur les vivants comme s'il s'agissait de vulgaires buffets à volonté sur deux pattes.
Avec Handling the Undead, la réalisatrice Thea Hvistendahl adapte le roman de l'auteur John Ajvide Lindqvist, plus connu pour avoir écrit le remarquable Let the Right One In. Et le résultat se veut beaucoup plus lent et contemplatif que ce à quoi le genre nous a habitués.
Un soir, un événement inexpliqué et inexplicable se produit à Oslo, et les morts reviennent subitement à la vie. C'est le cas d'une vieille dame récemment décédée qui retourne auprès de son amoureuse, d'un jeune garçon déterré instinctivement par son grand-père pour le ramener auprès de sa mère, et d'une autre mère de famille qui venait tout juste de succomber à ses blessures à la suite d'un accident de la route.
Leurs proches approchent leur retour parmi eux avec une émotion indescriptible, croyant qu'il s'agit d'une seconde chance de renouer avec un être cher. Mais il se cache peut-être quelque chose de plus inquiétant derrière le regard vitreux et les corps amorphes des ressuscités.
Les deux maîtres de cérémonie cherchent d'abord à savoir quelle serait notre réaction, dans une réalité tangible, si un tel phénomène venait à se produire, laissant d'abord place à la stupéfaction plutôt qu'au carnage.
L'histoire la plus touchante du lot est définitivement celle d'Anna (Renate Reinsve, découverte dans The Worst Person in the World), de son père et de son fils, à peine capable de se mouvoir, respirant de peine et de misère, mais indéniablement en vie.
De quelle façon reconnecte-t-on avec quelqu'un qui avait pourtant poussé son dernier souffle, aussi important à nos yeux puisse-t-il être/avoir été?
Par l'entremise de cadrages réfléchis et d'un montage appuyé, de mouvements lents et d'une musique dramatique aussi belle que volontairement insistante, Handling the Undead s'éloigne de l'épouvante pour se concentrer sur la charge émotionnelle qu'impliqueraient forcément de telles retrouvailles.
Seulement voilà, même à moins de cent minutes, le long métrage tend à s'étirer un peu trop en longueur, laissant ses personnages dans des limbes narratifs en attente d'une prochaine étape, laquelle ne se manifestera que dans les derniers instants du film.
Le tout se termine néanmoins sur une ultime séquence aussi puissante que bouleversante, parfaitement exécutée par la réalisatrice, et incarnée par son actrice principale. Car des moments forts, Handling the Undead en a certainement plusieurs, tirant beaucoup de personnages résumés en peu de mots, mais dont le deuil et la fragilité sont parfaitement exprimés à travers le regard et le langage corporel de leurs interprètes.
Pour toute la retenue, la sensibilité et la maîtrise manifestées au niveau de la mise en scène et de la confection sonore (primordiale ici), il manque néanmoins ce petit je-ne-sais-quoi qui aurait permis de renouveler l'intérêt du spectateur envers la proposition en cours de route, et donné la chance à ses instigateurs de mettre davantage de chair autour de l'os.
Une proposition aussi perspicace qu'insolite, mais qui a trop peu de cordes à son arc (dramatique).