Ce n'est pas la première fois qu'on voit un classique subir une cure de jeunesse et du même coup, devenir une pâle copie de lui-même, voire une parodie. Halloween est un bon exemple de ce phénomène. Michael Myers était l'un des vilains les plus craints du cinéma : un psychopathe, mi-bête, mi-homme, tout droit échappé de l'asile qui attaque des innocents le soir de l'Halloween. Mais, le croque-mitaine de 1978 est devenu un être invincible, redoublant de créativité dans la manière d'assassiner ses crédules victimes et, malheureusement, passablement risible.
Évidemment, on retrouve ici tous les codes de l'horreur, à commencer par les personnages secondaires idiots qui s'aventurent là où il ne faut pas, sans renforts et sans arme. Halloween Kills a même poussé la chose encore plus loin en introduisant des individus burlesques, comme Petit John et Grand John, un couple d'homosexuels vivant dans l'ancienne demeure du tueur de Haddonfield. Ceux-ci sont amenés davantage pour nous amuser que pour nous effrayer, preuve que les intentions des scénaristes de la franchise ne sont plus les mêmes qu'à l'époque. On flirte ici bien davantage avec l'oeuvre de série B qu'avec le suspense d'épouvante.
D'ailleurs, si le long métrage nous fait sursauter à quelques reprises, il ne nous tient pas beaucoup en haleine. On se doute bien de ce qui arrivera à Michael Myers, Laurie Strode, sa fille, sa petite-fille et les survivants de la nuit du 31 octobre 1978. On a mis toute la gomme sur les meurtres sordides du « Croque-mitaine », sans se soucier de la qualité de l'histoire qu'on propose. Ce nouvel opus sera plus tolérable pour les amateurs de gore, qui jubilent lorsqu'on leur propose des bains de sang créatifs, que pour les fanas de terreur psychologique qui tablaient sur un récit compétent. Dès les premières minutes, quand Myers s'extirpe des flammes et massacre une dizaine de valeureux pompiers, on comprend pourquoi on qualifiait ce nouveau Halloween de tuerie épique.
Les performances des acteurs ne viennent certainement pas sauver la mise et ajouter de la profondeur à l'ensemble. Les comédiens jouent gros et, trop souvent, mal. Même Jamie Lee Curtis n'est pas à la hauteur de l'icône qu'elle représente. Est-ce voulu? A-t-on volontairement travesti la franchise Halloween en un pastiche d'elle-même? C'est un choix artistique discutable, à tout le moins. Il y a là de quoi sustenter les fans de films de série B et de cinéma gore, mais pour les autres, éviter les rues de Haddonfield, c'est mieux pour vous.