Il aura fallu attendre pas moins de 40 ans pour voir une suite convenable au film culte Halloween. Sans être totalement convaincant, ce 11e long métrage de la célèbre franchise ne se mettra pas trop de fans à dos tout en faisant le plein de nouveaux admirateurs.
Oubliez les autres titres de la série. Cette version reprend là où l'original se terminait... quatre décennies plus tard. Michael Myers est à l'asile, alors que Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) est encore traumatisée par le passé, délaissant sa fille (Judy Greer) et sa petite-fille (Andi Matichak). Mais lorsque le croque-mitaine trouve un moyen de s'évader, la famille doit se réunir si elle veut survivre.
Un nouveau Halloween était loin d'être un succès assuré. Surtout provenant de la plume de Danny McBride, un comique parfois grossier qui refait ici équipe avec son comparse du douteux Your Highness. Si cette énième variation se transforme parfois en comédie, elle évite généralement les excès, se concentrant à la fois à respecter le passé tout en y intégrant un univers plus personnel.
Tâche colossale? Absolument! Surtout que le tout débute comme chez les tentatives désespérées de Rob Zombie, en tentant de donner une psychologie au méchant. Une longue entrée en matière, dont le rythme ne manque pas d'épuiser la patience.
Cela s'améliore heureusement par la suite alors que l'effort multiplie les hommages au chef-d'oeuvre de John Carpenter. Évidemment, l'ambiance n'est plus la même, la violence y est inutilement exacerbée et les frissons sont carrément absents. Pourtant une certaine tension se développe lors des séances d'attaques, culminant à une conclusion assez jouissive.
Capable du meilleur (George Washington) comme du pire (The Sitter), le cinéaste David Gordon Green s'acquitte de la besogne sans broncher, avec compétence, mais sans grande personnalité. Impossible de faire oublier le maître de l'horreur et ses jeux de caméra éblouissants où le voyeurisme est à l'honneur. Malgré quelques moments plus rentre-dedans (littéralement!), on s'ennuie de cette façon d'exploiter les ombres et les coins sombres.
John Carpenter n'est pourtant jamais bien loin, s'occupant de la trame sonore - le thème principal est toujours aussi mémorable - en compagnie de son fils Cody et de Daniel Davies. Le trio a offert ces dernières années deux excellents albums (le diptyque Lost Themes) et il récidive avec des compositions qui sont parfois supérieures au résultat en place.
C'est ainsi la musique qui donne la colonne vertébrale à l'ensemble. Elle et la performance vigoureuse de Jamie Lee Curtis, qui éclipse aisément ses partenaires de jeu. Si les personnages multiplient les décisions aberrantes, il y a grand-maman pour les ramener à l'ordre au sein de ce récit à saveur féministe, dont l'apologie de l'autojustice et des armes à feu laisse un goût amer en bouche.
Pour ses noces d'Émeraude, Halloween s'offre une cure de jeunesse qui lui est bénéfique, donnant le goût de revoir le classique de 1978 qui a été si souvent imité, mais jamais égalé. Et bien que cette suite ne soit pas du même calibre, elle s'avère nettement plus digeste que ses nombreuses prédécesseures.