On peut toujours compter sur The Rock pour brasser la cage. Surtout qu'il nous en devait une après la déconfiture de Rampage. Le voilà déjà de retour avec Skyscraper, un autre plaisir coupable qui ne convainc qu'à moitié.
Imaginez un croisement entre Die Hard et Towering Inferno. La plus haute tour au monde qui est asservie à la fois par des criminels et un immense incendie! Bien entendu, il n'y a rien à prendre au sérieux dans ce pastiche. Tout ce qu'on fait est de rire un bon coup sans se poser trop de questions.
Sur le simple plan du divertissement, cette nouvelle création de Rawson Marshall Thurber (Central Intelligence) ronronne allègrement. Les scènes d'action sont bien retroussées et le film ne s'étire pas inutilement. Le rythme s'avère réglé au quart de tour, les répétitions réduites au strict minimum et les effets spéciaux plutôt convaincants.
Dwayne Johnson s'occupe du reste. Il y a ses biceps qui sont devenus légendaires, sa façon irrésistible de froncer les sourcils et cette idée si bénéfique à sa carrière de continuer de se moquer de son image. C'est monsieur muscles au grand coeur, le fils spirituel de Schwarzenegger et Stallone en plus charismatique qui se permet de tout faire. Personne n'oserait escalader près d'une centaine d'étages à mains nues, encore moins avec une prothèse en guise de pied. Mais lui, si.
Il s'agit d'un des quelques moments hilarants qui ponctuent cette production complètement cinglée et tirée par les cheveux, parfaite pour le public de Fantasia. Il y a bien quatre ou cinq séquences incroyablement stupides qui redonnent foi au cinéma en cet été à nouveau dominé par les suites et les antépisodes.
À tel point qu'on en aurait pris bien plus de ces instants délirants. Mais pourquoi n'y en a-t-il pas davantage? Parce que le long métrage se sent toujours le besoin de suivre une histoire, clichée et sans intérêt, qui louange la famille et la Chine. Dès qu'un personnage ouvre la bouche, ce sont les tympans qui n'en peuvent plus devant tant de dialogues affligeants. De quoi regarder l'effort en se bouchant les oreilles.
The Rock est si puissant qu'il n'est plus seulement une immense vedette, mais également une marque de commerce. Il est là pour plaire à tous les publics, ce qui explique la raison que l'ensemble soit classé Général. Du coup, la violence salvatrice n'y est pas et ça, c'est regrettable. Le rendu est au final si gentil, si inoffensif, que cela enlève une bonne partie du plaisir rencontré. Et de son charme.
Surtout qu'on a oublié de donner au protagoniste des ennemis dignes de ce nom. C'est là qu'on s'ennuie d'un Alan Rickman, d'un Jeremy Irons. Notre rocher Johnson ne fait qu'une bouchée des vils individus, notamment dans une scène de miroirs faisant écho au Lady from Shanghai d'Orson Welles. Quant à son épouse, campée par la trop rare Neve Campbell de la franchise Scream, son manque de chimie avec le héros est flagrant. Cela explique qu'ils n'ont que trois petites scènes ensemble...
Nul doute qu'on s'amuse parfois beaucoup devant Skyscraper, dont la stupidité de certaines séquences suscite des éclats de rire sincères. Mais est-ce une raison suffisante de se taper un film ordinaire pour ces quelques moments totalement jouissifs?