Dans Gone Baby Gone, Ben Affleck dirige son frère Casey à travers les nombreux pièges de la manipulation au cinéma. Parce qu'au-delà des coupures, cadrages et musiques, le cinéma manipule déjà lorsqu'il choisit un sujet. Ici, l'enlèvement d'une enfant, idéal pour émouvoir le public, qui n'en demande pas moins de toute façon. Mais Affleck et Affleck traitent le tout avec beaucoup de maturité, sans appuyer, en s'installant juste sur la clôture entre le bien et le mal. Une première réalisation pour le grand frère teintée d'émotions fortes, mais pas comme les montagnes russes.
Patrick Kenzie et Angie Gennaro sont deux détectives privés de Boston à qui on demande de participer aux recherches pour retrouver la petite Amanda, enlevée. En collaboration avec deux policiers, ils interrogent les habitants du quartier. Mais quand toutes les pistes mènent à un revendeur de drogue du quartier, Patrick décide de s'impliquer personnellement.
Après une carrière d'acteur assez inégale (de Good Will Hunting à ses déboires récents dans Jersey Girl ou Daredevil), Ben Affleck trouve le bon ton pour aborder sans sentimentalisme l'histoire cruelle de l'enlèvement d'une fillette et de sa mère ingrate, personnage fascinant parfaitement bien défendu par Amy Ryan.
Casey Affleck, dans le rôle principal, est d'une grande efficacité et semble particulièrement à l'aise dans son incarnation très physique d'un grand adolescent qui ne cherche pas qu'une petite fille. La crédibilité de son interprétation permet au film de fonctionner, c'est aussi simple que ça. L'émotion passe par lui, sa voix nasillarde de narrateur, sa démarche, ses choix. Disons qu'il donne un bon coup de main à son frère dans sa rédemption à lui. Gone Baby Gone s'inscrit dans les bon coups de Ben.
Adapté d'un livre de Dennis Lehane, aussi auteur de Mystic River (porté à l'écran par Clint Eastwood), le film baigne dans les mêmes tons et ambiances et va chercher le même type d'humanité, souvent crasse et vulgaire, dans les personnages laids et obèses d'un quartier pauvre.
Dommage que Gone Baby Gone ait ce syndrome du film qui ne veut pas se terminer. Les revirements et les conclusions s'accumulent dans ce qui devient une exaspérante finale inégale. Heureusement, les jugements moraux sont laissés au public, qui risque bien de se retrouver dans un sérieux dilemme lui aussi.
Ben Affleck n'a pas encore fait de croix sur ses prétentions d'acteur. Mais si, par hasard, il choisissait d'en demeurer là, de se consacrer entièrement à la réalisation, on ne lui en voudrait pas trop, d'autant que les petits défauts de son film seront aisément corrigés alors qu'il prendra de l'expérience.
Dans Gone Baby Gone, Ben Affleck dirige son frère Casey à travers les nombreux pièges de la manipulation au cinéma. Parce qu'au-delà des coupures, cadrages et musiques, le cinéma manipule déjà lorsqu'il choisit un sujet. Ici, l'enlèvement d'une enfant, idéal pour émouvoir. Mais Affleck et Affleck traitent le tout avec beaucoup de maturité, sans appuyer, en s'installant juste sur la clôture entre le bien et le mal. Une première réalisation pour le grand frère teintée d'émotions fortes, mais pas comme les montagnes russes.