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Géant !
Des salopards de capitalistes qui ont des hélicoptères, des Mercedes, des juristes, des spécialistes des discours alambiqués et sophistes, l'oreille de politiciens sans colonne vertébrale, du cash et qui se foutent de l'état de la planète et de ses habitants, pourvu que ça rapporte contre des gens ordinaires qui n'ont que leurs mains et leur coeur pour toute défense. Un film comme il en faudrait plus souvent.
Complotisme intelligent et nécessaire!
Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu un film coup de poing de la sorte et à ce point dans l’air du temps. Du cinéma engagé, virulent, dénonciateur qui n’épargne rien ni personne et qui rappelle aux grandes heures du cinéma hollywoodien des années 80. Une époque où des cinéastes comme Oliver Stone (« JFK », « Snowden », ...) ou plus tard Michael Mann (« Révélations ») ou Soderbergh (« Erin Brockovich ») pouvaient encore dénoncer les grands scandales politiques, médiatiques et sanitaires à chaud. Un cinéma devenu rare, voire même presque disparu, à l’heure où tout est formaté et aseptisé de manière à ne froisser personne. « Goliath » parvient en deux heures à faire la synthèse de tout ce qui ne tourne pas rond dans notre monde et nos sociétés. Il égratigne avec force et fracas les lobbies, les politiques marionnettes, les institutions corrompues, les puissances d’argent ou encore la désinformation et la pensée unique. Seuls les médias sont relativement épargnés... Un tourbillon coup de poing qui remet les pendules à l’heure et bien plus divertissant et instructif qu’un mois de BFM TV (pointé du doigt au détour d’une image jubilatoire).
En s’inspirant de faits réels et de nombreux scandales et procès contre les industries pharmaceutiques ou agro-alimentaires (coucou Monsanto ou Pfizer), « Goliath » nous prend aux tripes dans un tourbillon de fureur contestatrice où tout nous est montré sans tabou : les clauses de confidentialité pour faire taire les médecins indépendants et sans conflit d’intérêt, les sommes astronomiques versées ou l’intimidation normalisée pour décourager ceux qui osent parler, les sommes colossales en jeu derrière ces produits mauvais pour la santé qu’on tente de faire passer comme inoffensifs, l’inversion des valeurs véhiculées par les institutions, les dommages collatéraux et les morts tues, les narratifs de communication fabriqués... Tout y passe! Le récit est dense et riche en informations mais demeure incroyablement limpide et passionnant. Scindé dans une mosaïque à trois personnages qui ne se rencontrent jamais, il oppose intelligemment un avocat pour le droit environnemental (Lellouche, très investi), un lobbyiste sans scrupules (Niney, impressionnant dans un rôle à contrepied de celui de complotiste dans le vrai pour « Boîte noire ») et une femme dont le mari est malade suite à sa proximité avec des pesticides (Bercot, sublime). Ce puzzle permet de bien cerner tous ces enjeux et de permettre au film d’être une véritable diatribe contre nos institutions sclérosées et pourries.
Bien sûr, on pourra reprocher à « Goliath » de manquer de nuances mais le propre d’un brûlot engagé est d’assumer son propos de bout en bout. Et c’est le cas ici! C’est osé, rare et particulièrement bien documenté pour ne souffrir d’aucune critique invoquant le mensonge. Certains trouveront aussi que le trait est poussé ou que le chantage à l’émotion dessert le propos mais au moins il est martelé et assumé. On ne voit pas les deux heures passer et on alterne entre un sentiment de rage de voir comment évolue le monde en coulisses, celui de tristesse de voir toutes ces victimes décrédibilisées ou mises sous silence mais on est heureusement aussi (un peu) rassuré de voir que le cinéma peut encore ouvrir le débat, éduquer et dénoncer. Bien sûr, la crise du Covid plane sur tout le film et certains dialogues vont en piquer certains pendant qu’ils en réjouiront d’autres. Le scénario fait le parallèle intelligemment pour qui saura le voir et à plus d’une reprise, les labos sont même cités à demi-mots. C’est le type même de film exigeant qui pourrait nourrir durablement un débat d’après projection. La mise en scène est classique de ce type de films mais reste énergique, le montage est astucieux et le long-métrage ne souffre d’aucun temps mort. Du grand cinéma à l’ancienne et paradoxalement plus que d’actualité. Bravo monsieur Tellier, après les excellents « L’affaire SK1 » ou « Sauver et périr », c’est un sans-faute. Continuez dans ce sens!
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