Les spectateurs qui trouvaient que la version de 2014 de Godzilla manquait de péripéties seront au septième ciel avec King of the Monsters, un plaisir coupable aussi stupide que divertissant.
Quoi de mieux pour passer le temps que des combats de Kaijü? Ces monstres immenses qui détruisent tout sur leur passage sont nombreux dans cette superproduction branchée sur les stéroïdes. En plus de notre bien-aimé Godzilla, il y a sa copine papillon Mothra, la terrible créature extraterrestre King Ghidorah et plusieurs de leurs amis qui se joignent à la danse.
Cela ne prend pas deux minutes pour apercevoir une de ces bêtes mystérieuses. Puis une autre, un affrontement spectaculaire ici, une confrontation dantesque là, jusqu'à une conclusion du tonnerre. Chaque fois, il y a ces cris stridents, ces rugissements de l'Enfer. Les gentilles entités n'ont qu'à bien se tenir, car les méchantes sont toujours accompagnées de tempêtes de neige ou de sable, de vent féroce bercé d'éruptions volcaniques ou de tremblements de terre.
Ceux et celles qui ont gardé leur coeur d'enfant seront comblés devant ces boules d'énergie aux bouilles sympathiques ou à trois têtes, qui amusent à coup sûr. La sensation de bien-être et de libération est presque identique à celle ressentie devant le premier Pacific Rim. Les effets spéciaux en mettent plein la vue, surtout sur un écran IMAX. Bien qu'il n'y ait pas de scènes d'action parfaites comme dans son prédécesseur (le saut en parachute à la fin aura marqué les esprits), la réalisation musclée et mouvementée de Michael Dougherty - du si particulier Krampus - est huilée au quart de tour, quoique certaines personnes rouspèteront devant la noirceur de certaines séquences.
Voilà ainsi plus de deux heures de sensations fortes, qui risquent pourtant d'en saouler plus d'un. Parce qu'en faisant abstraction de ses prouesses techniques et de la rage de ses (anti)héros destructeurs, il n'y a aucune raison de s'intéresser à cette création. L'histoire est d'une insignifiance rare, avec ses retournements de situations à deux sous et ses explications à outrance. Le récit se prend beaucoup trop au sérieux, philosophant sur la nature humaine tout en ramenant la famille au centre de ses préoccupations, lors de moments appuyés et ridicules.
C'est d'ailleurs le principal problème du long métrage. Ce sont les monstres qui s'avèrent fascinants, pas les êtres humains qui les côtoient. Aucun des personnages n'est intéressant malgré leurs interprètes de talent (Vera Farmiga, Kyle Chandler, Zhang Ziyi...). Quant au vénérable Ken Watanabe, qui est de retour dans un rôle beaucoup plus important, sa façon de toujours faire la morale dès qu'il ouvre la bouche lasse rapidement. C'est ce qu'on appelle la voix de la conscience. Sa présence est toutefois plus rassurante que celle de Sally Hawkins, qui semble s'ennuyer de l'humanoïde amphibien de The Shape of Water.
Au lieu de s'abreuver aux modèles du genre que sont The Host et le récent Shin Godzilla, King of the Monsters semble surtout exister pour mettre la table pour Godzilla vs. Kong qui prendra l'affiche l'année prochaine. Le résultat, à la fois gigantesque et vide de sens, remplit uniquement sa fonction première qui est de distraire, pour le meilleur comme pour le pire. À côté de ça, la version de 2014 s'apparentait à un modèle de poésie, de profondeur et d'humanité.