Rédiger une critique
Vous devez être connecté pour pouvoir rédiger une critique.
La Moore, encore et toujours!
Le chilien Sebastien Lelio qui a reçu l’Oscar du meilleur film étranger pour le beau « Une femme fantastique » réalise lui-même le remake du film qui l’a fait connaître, « Gloria ». Une pratique rare mais pas inédite (« Sang-froid » récemment ou « Funny Games » de Mickael Haneke). Pour se faire, il s’adjoint les services de l’une des meilleures actrices de sa génération en la personne de Julianne Moore. Et la réussite de ce film lui doit beaucoup, pour ainsi dire presque tout. De tous les plans, elle irradie l’écran comme jamais et prouve encore une fois qu’elle sait tout jouer, du rôle le plus complexe (une femme atteinte d’Alzeihmer dans « Still Alice » qui lui a valu l’Oscar) à celui plus ludique d’un blockbuster (la méchante Poppy dans « Kingsman, le cercle d’or ») sans que sa très riche et discrète carrière ne souffre de faux-pas. Ou si peu. Ici en femme ordinaire et célibataire battante qui tente de donner un sens à sa vie, elle est tout bonnement stupéfiante de sincérité et de justesse dans la moindre de ses expressions. La classe faite actrice et le charme insolent en étendard.
Le film en lui-même pourrait paraître anodin et sans grand intérêt tant il ne raconte rien d’extraordinaire. Mais c’est dans cette banalité de la vie d’une quinquagénaire que se trouve son charme. Lelio filme la vie comme elle est : faite de joies et de déceptions, de moments de grâce et de désillusions mais sur une tonalité solaire et positive qui donne la pêche. La lumière couchante de la Cité des Anges et des tubes très eighties servent d’écrin à cette chronique juste, simple et touchante qui finit par nous emporter. Au début, le film se traîne un peu et l’accumulation de petites scènes de la vie de tous les jours pourra sembler fastidieuse à certains mais on finit par rentrer dans la vie de Gloria et à s’amuser de certains de ses déboires tout comme à s’émouvoir de ses déconvenues.
Le réalisme du long-métrage qui ne verse dans aucun cliché propre à Hollywood, que ce soit sur son versant romantique comme sur son versant dramatique, est louable. C’est une leçon de vie, une ode au positivisme et au bonheur, qui peut être parsemé d’embûches et dont la finalité dépend du sens qu’on lui donne. Il y a des petites longueurs et peut-être beaucoup de seconds rôles dont beaucoup ne semblent pas assez creusés mais l’énergie déployée par son actrice principale permettent de passer outre. Et la dernière demi-heure, entre le voyage à Las Vegas et un exutoire pour le personnage principal, clôturent « Gloria Bell » de la plus belle des manières. La petite vengeance de Julianne Moore sous le « Total Eclipse of the heart » de Bonnie Tyler (la meilleure scène du film) et les derniers plans sublimes où elle danse et jouit du moment, finissent de nous convaincre et de nous faire aimer cette Gloria sauce californienne.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.