Troublante histoire vraie, Boy Erased mise sur ses fabuleux interprètes pour mieux faire passer ses messages qui ne brillent pas toujours par leur subtilité.
Aux États-Unis, plusieurs personnes sont obligées de suivre des thérapies de conversion afin de guérir leur homosexualité. Des endroits où les contacts avec l'extérieur sont rares et l'enseignement spécialisé. C'est ce qui arrive à un jeune homme (Lucas Hedges) qui finit par se questionner sur son identité.
Ce sujet nécessaire semble familier? C'est normal, le délicat The Miseducation of Cameron Post de Desiree Akhavan a pris l'affiche il y a quelques mois seulement, abordant la même thématique. Moins un récit d'apprentissage qu'une mise en accusation de ces pratiques répandues, Boy Erased est beaucoup plus sombre et grave que son prédécesseur. On sent une certaine urgence émaner des mots, du sous-texte qui trouvera certainement écho aujourd'hui tant la situation est injuste.
Curieusement, cette rage fait défaut au film, dont le rythme parfois léthargique et les répétitions plombent ses bonnes intentions. La mise en scène effacée parsemée d'ellipses demeure sage, autant dans son utilisation d'une musique mélodique assez proprette que de jeux de caméra qui ne sortent jamais du lot. Les rares exceptions arrivant plus tardivement, au mieux pendant des moments confondants qui rendent inconfortables, au pire lors de ralentis tendancieux sur des excès de violence qui n'évitent pas un certain sensationnalisme.
Le cinéaste Joel Edgerton les contrôle heureusement, jouant généralement de calme en se concentrant sur ce qu'il maîtrise le mieux : la direction d'acteurs. Tous les comédiens sont excellents, principalement Lucas Hedges (la révélation de Manchester by the Sea) qui semble reprendre le personnage qu'il avait incarné dans Lady Bird. Une force tranquille l'accompagne cette fois, permettant de plonger dans son intériorité qui irradie l'ensemble.
Loin de se faire éclipser, Nicole Kidman élève le jeu en maman dépassée par les événements, question de ne pas passer inaperçue à la prochaine cérémonie des Oscars. C'est pourtant Russell Crowe en père pasteur du protagoniste qui offre quelques-unes des scènes les plus puissantes. On sent une vraie parenté avec Hedges et le duo atteint des sommets lorsqu'il est ensemble. C'est notamment le cas à la fin, le seul moment réellement émouvant de l'effort.
Après avoir joué un sombre et douteux individu dans sa première et surprenante réalisation The Gift, Joel Edgerton remet ça en thérapeute malsain qui tente de « guérir » ses patients. Parmi ceux-ci se trouve le très juste Xavier Dolan que l'on voit plus longuement que dans Bad Times at the El Royale. Puis un souvenir fait apparaître Théodore Pellerin qui accapare instantanément l'attention malgré la brièveté de son rôle clé.
Oeuvre sur la famille, la différence, la foi et ses dérives, Boy Erased baigne dans une réalité trop souvent tenue dans l'ombre. Le traitement empathique n'est pas sans faille et sa lourdeur se fait régulièrement ressentir. Mais ce n'est rien que l'incroyable distribution ne peut arranger lorsqu'elle joue à l'unisson.