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Bad Mother Earth.
Dès les premières images, d’une fulgurante beauté, on sait que l’on va voir quelque chose de rare et de différent. Littéralement renversant, le premier plan sur cette forêt primaire qui s’étend à perte de vue nous fait comprendre que nous allons avoir la tête à l’envers et cette impression ne va pas se démentir au fur et à mesure de l’avancement du long-métrage. Ce film d’horreur sud-africain d’une maîtrise impressionnante et au jusqu’au-boutisme assumé se positionne comme un nouvel avatar d’une mouvance de cinéma de genre écolo. Les films d’horreur ont régulièrement été des réceptacles de sous-textes politiques ou encore détenteurs de messages. A la manière du récent, ambitieux et complexe « Annihilation » ou du moins connu « The girl with all the gifts », ce film parvient à tétaniser l’esprit en faisant réfléchir sur Mère Nature. D’ailleurs, ce dernier film a en comme avec celui-ci l’utilisation des champignons et de leurs spores comme menace.
Attention, on est loin, très loin d’une réflexion métaphysique absconse et prétentieuse sur notre Terre comme a pu nous le proposer Darren Aronofsky avec son éreintant « Mother ». Non, ici on est dans un film d’aventures immersif et extrême qui vire à l’horreur viscérale et organique. Par certains aspects gores, on retrouve en effet tout un pan du cinéma d’un certain David Cronenberg où la chair et sa manipulation constituent la base de notre effroi. Si, par exemple, le « Crash » du réalisateur canadien faisait se mêler les déflagrations des corps avec la tôle froissée, ici c’est les plantes et les arbres qui fusionnent avec les chairs abîmées. C’est d’ailleurs à la fois beau et effrayant. Chapeau aux maquilleurs de nous avoir offert ces chimères à moitié humaines et à moitié végétales. Tout comme on peut louer la qualité d’effets spéciaux discrets mais probants.
Dans « Gaïa », la tension monte très vite. Et certaines séquences, où l’on devine de drôles de créatures, font véritablement froid dans le dos. Alliées à une parfaite utilisation du son avec des bruitages angoissants et bizarres et une bande sonore en totale adéquation, le film se présente comme une expérience sensorielle unique. On peut citer aussi la séquence de la transe, visuellement époustouflante de beauté. Les fulgurances esthétiques s’enchaînent mais sans que le film soit poseur. Il manque peut-être d’une psychologie plus fouillée pour l’héroïne et on peut trouver le dernier tiers moins convaincant et un peu redondant, comme si scénariste et réalisateur avaient joué toutes leurs cartes trop vite. Cependant, cela reste un moment de cinéma de genre maîtrisé, radical et fort qui vous emmène dans un voyage comme on en voit rarement. De l’art et une nouvelle voie dans le cinéma horrifique indépendant après des cinéastes américains comme Aster ou Zegers. Une découverte à la fois belle et effroyable.
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