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La tête dans les étoiles (de la cité).
Voilà le type film encensé partout par la critique (moins par le public) qui nous fait nous poser la question de savoir si on a vu le même film. Ou alors qui nous donne l’impression d’être passé à côté. « Gagarine » n’est pourtant pas mauvais, loin s’en faut, mais il contient beaucoup de maladresses, tout comme on peut lui octroyer bon nombre de gageures. Le genre d’œuvre très singulière qui pourra en toucher certains mais aussi en laisser d’autres sur le bas-côté. On ne peut cependant renier ses qualités certaines. C’est un premier film et on ne peut que louer l’originalité de son sujet, son audace même. Il propose de nous montrer la banlieue française sous un autre jour et ose un mélange incongru entre la chronique d’une cité en voie d’être détruite et le parcours d’un adolescent épris de l’espace et de l’histoire du cosmonaute Gagarine dont ladite cité porte le nom.
Au rayon des bons points, il y a la mise en scène très stylisée, en phase avec le sujet, qui s’avère d’une pertinence rare avec ce que nous propose le scénario. Une réalisation atmosphérique qui imprègne toute l’ambiance du film et nous réserve des plans majestueux et jamais ostentatoires. A ce titre, le final est d’une beauté rare, entre lyrisme et onirisme qui explosent dans un superbe bouquet final après que des graines visuelles du même acabit aient été semées précédemment tout le long du film. Pour un peu on se croirait, la musique aidant, dans un « Interstellar » fauché version terrestre et fauchée. « Gagarine » est vraiment beau à regarder et le mélange entre les codes de la banlieue, pour une fois montrée sous un jour bien plus doux qu’à l’accoutumée, et ceux de l’espace est un ravissement pour les yeux. Il y a des idées à chaque plan ou presque et la poésie dégagée par le film est indéniable. Oubliez « BAC Nord » ou encore « Les Misérables », cette fois la cité de la couronne parisienne est montrée sous un jour apaisé, presque comme une zone hors du temps. A ce titre, le constat social est éludé au profit du lyrique, ce qui rendrait presque le film naïf.
Mais il y a aussi beaucoup de moments en apesanteur qui tombent à plat, une narration un peu erratique qui manque de tenants et d’aboutissants clairs et une direction d’acteur défaillante à certains moments. Paradoxalement, on est parfois à la limite de s’ennuyer alors que l’instant d’après on est proche de l’émerveillement. Des approximations que le côté onirique voudrait faire oublier ou pardonner mais qui rendent « Gagarine » parfois bancal et inabouti. L’originalité est une qualité si elle est bien négociée et ici ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Ce qui nous amène au constat que ce duo de réalisateurs en a sous le capot et mérite d’être suivi mais que les retours dithyrambiques des professionnels sont parfois discutables et incompréhensibles. Un joli film bourré d’idées sur la forme, au contenu improbable et surprenant, mais dont l’écriture, le rythme et le but sont quelque peu discutables et dont le charme ne fonctionne que par intermittences.
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