Quand un créateur décide de ressusciter une franchise après plusieurs années (dix ans, par exemple) - étrangement, c'est souvent quand sa carrière est au plus bas, que les succès se font attendre ou que la notoriété n'y est plus - on l'entend souvent dire qu'il ne s'impliquera que s'il trouve « une idée aussi bonne que l'original ». Par respect pour la franchise ou pour les fans, probablement. On n'irait pas jusqu'à dire que les créateurs de Scream 4 ont trouvé l'idée en question, mais il faut bien avouer qu'à côté de Scream 2 et de Scream 3, à peu près toutes les idées étaient bonnes. Cela donne donc un film d'horreur meilleur que la moyenne. On voit pourtant bien que cette franchise a perdu son essence.
Car à l'exception de quelques petits tours de passe-passe (une introduction en mise en abîme assez savoureuse, disons-le), le film ne se différencie plus vraiment des autres films d'horreur qu'il cite et qu'il pastiche constamment. Les personnages, souvent de jeunes étudiantes au corps parfait, sont les mêmes idiotes que dans les autres films; les meurtriers et les héros ne sont jamais morts et les victimes sont souvent les responsables de leur propre malheur mort à cause des décisions absurdes qu'elles prennent. Cela diminue grandement le plaisir qu'on prenait à voir les codes de l'horreur déconstruits par Scream, en 1996.
Défiant toute logique (alors qu'un tueur en série utilise le même modus operandi bien documenté pour la quatrième fois), les personnages passent leur temps à : répondre au téléphone, être seul(e) dans leur maison, croire à une blague, prendre le pouls des gens poignardés (ou tombés du quatrième étage), etc. Cette franchise a prouvé qu'elle était consciente de ces stéréotypes, pourquoi s'en contenter? Les personnages se mettent eux-mêmes en danger en se séparant sans arrêt (« Reste ici, je vais aller ailleurs (afin de laisser le champ libre au tueur)... ») et ils prennent le temps de longuement expliquer leur plan machiavélique et ainsi permettre aux secours d'arriver... comme dans tous les films d'horreur prévisibles et ennuyants qui prennent l'affiche à chaque mois.
Au moins, on a droit à une violence cohérente, et pas à un festival gore de démembrements et de décapitations; c'est déjà bien plus effrayant. Mais la musique fortement appuyée et le discours assez peu subtil sur la technologie (filmer les meurtres, à quoi bon?) deviennent vite redondants. L'énergie des comédiens est cependant très efficace et leur complicité évidente à l'écran. Comme c'est souvent le cas, la finale laisse perplexe (il me semblait qu'elles étaient blessées!) et l'explication fournie par le, la ou les tueur(s) pour justifier une douzaine de cadavres s'avère assez faible. Ce qui n'est pas nouveau non plus...
Cette franchise marquante dans l'histoire du cinéma aura réussi une chose : celle de définir précisément le film d'horreur. Mais l'objectif de cela, c'est de surpasser la définition pour créer quelque chose d'inédit au cinéma - Scream 4, de par son dénouement, s'en donnait la possibilité, à cause d'un personnage central qui aurait pu être l'héroïne parfaite pour une nouvelle franchise. Mais, par souci de conformisme, sans doute afin de plaire au plus grand nombre possible, on a refermé la porte, bêtement, à toute innovation, pour refaire à nouveau le même film. En attendant le prochain...