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Les enfants sauvages.
Encore une histoire incroyable qui nourrit le cinéma et se transforme en long-métrage, preuve une nouvelle fois que la fiction aime à s’inspirer de la réalité (et parfois vice-versa). Et on ne peut nier que ce fait divers extraordinaire pour l’époque méritait clairement d’être raconté car il détenait un sacré potentiel cinématographique. D’ailleurs si on ne nous expliquait pas à la fin les détails véridiques de cette histoire, on aurait un peu de mal à y croire. « Frères » nous narre donc sur deux temporalités la relation fusionnelle de deux frangins. La première, enfants puis jeunes adolescents, lorsqu’ils vécurent près de sept ans dans une forêt française suite à l’inconséquence de leur mère et un terrible coup du sort. La seconde, adultes proche de la cinquantaine, lorsque les réminiscences de cette période du passé viennent hanter le présent. Sauf que ce long-métrage qui aurait pu être sublime avec ce récit proprement fantastique comme base se révèle souvent maladroit et mal raconté.
Olivier Casas, dont le seul fait d’armes cinématographique demeure la comédie oubliée dans les limbes « Baby Phone », ne semblait certainement pas le cinéaste indiqué pour un tel projet. Pas qu’il faille avoir du bagage et être reconnu mais on sent le presque amateurisme ou le manque de métier dans la manière d’appréhender le sujet et tout cela est terriblement maladroit sur bien des aspects. D’abord, le choix de diviser le film en deux temporalités alternées qui tentent difficilement de se répondre n’était pas le bon. C’est mécanique et la partie enfance souffre de redondances quand celle adulte manque de développements. Soit on aurait dû séparer les époques en deux films, soit on aurait dû se contenter du présent avec quelques flashbacks du passé, soit faire un film de survie du point de vue des enfants avec une conclusion chez les adultes mais la méthode choisie ici avec « Frères » n’est assurément pas la bonne. C’est mal exécuté, la narration est brouillonne laissant même quelques zones d’ombre à une histoire qui n’en demandait pas. Même la mise en scène est parfois un peu datée (le côté bucolique et suranné, type Jean Becker, dans la partie enfance) ou tout juste illustrative (l’aspect téléfilm et terne de la partie adulte).
On est donc un peu frustré et déçu tant voilà un sujet fort qui avait beaucoup de potentiel. Et puis les acteurs sont excellents et font passer la pilule alors on en vient forcément à se demander que serait le résultat avec un beau souffle romanesque (presque absent ici) et une dramaturgie plus intense qui mette en valeur le travail des comédiens. Car malgré la force émotionnelle du récit, il est difficile d’être touché ici. Le duo Attal/Kassovtiz est très crédible et les deux font un travail exceptionnel, on croit en leur relation fusionnelle et en ce trou béant qui demeure en eux après cette expérience traumatique vécue dans leur enfance. Et les jeunes acteurs qui jouent leurs rôles enfants et adolescents sont tout aussi bons. Pour le reste, les seconds rôles ne font que passer et il manque aussi une partie définissant davantage les retombées de cette relation sur leurs vies actuelles. « Frères » est donc plein de bonne volonté mais un peu raté et surtout très maladroit dans son exécution. Et malgré ses interprètes et un sujet qui valait de l’or, cette adaptation cumule les mauvais choix.
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