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Mort à Sintra.
On ne peut pas dire que l’on reconnaisse vraiment le cinéma d’Ira Sachs ici et le « Frankie » risque de décevoir pas mal des amateurs de ce cinéaste discret à la filmographie cohérente avec des thèmes récurrents et similaires. Une œuvre qui n’est pas sans rappeler celle de Woody Allen, elle en a des faux airs en tout cas, avec une tendance à des long-métrages tout de même plus sensibles et doux-amers et souvent axés sur des amours gays. Comme l’octogénaire, Sachs a fait de New-York sa ville de prédilection et comme lui, il aime à filmer les tourments de la vie, du couple et des rapports humains. Or, ici, après une demi-douzaine de films dans la Grosse Pomme, il choisit aussi de s’exiler pour aller tourner en Europe. Et c’est pour un film choral sans véritable ligne directrice qui restera peut-être l’un des films les moins marquants de la sélection officielle cannoise 2019. Le sujet? On y voit une actrice célèbre demander à des proches de la rejoindre à Sintra se sachant condamnée par un cancer. Et… c’est tout.
Sans pour autant être déplaisant, le metteur en scène signe certainement là son film le plus faible et le plus anecdotique avec « Frankie ». D’aucuns diront que ce long- métrage ne raconte rien et ne va nulle part. Ce n’est pas faux, il faut juste se laisser prendre par ces errances dans les rues de la magnifique cité portugaise. Celle-ci est très bien mise en valeur sans pour autant passer par les lieux touristiques (voir le magnifique et très long plan final). C’est parfois envoûtant, parfois évanescent, parfois un peu monotone et vain aussi car il est vrai que cela ne va nulle part. Mais « Frankie » ne manque pas non plus d’intérêt, notamment par la grâce de ses acteurs et de cette distribution internationale. Et Sachs va à l’encontre de ce que proposent en général les films avec une mosaïque de personnages ou de retrouvailles en famille : il ne propose aucune scène de groupe hormis le plan final muet. Et c’est un peu dommage, voire frustrant sur ce point, même si cela sort des sentiers battus et évite un passage obligé.
On doit donc se satisfaire durant une heure et demie, sans pour autant que le film ne paraisse trop long, d’échanges entre bourgeois et artistes nantis qui déambulent dans les rues et les parcs de cette illustre ville. Certaines séquences sont intéressantes (celles avec Jérémie Rénier), d’autres beaucoup moins (celles avec la jeune adolescente sur la plage). Il semblerait que Sachs a choisi avec son scénario d’isoler tous les personnages pour les faire se rencontrer indépendamment en doublon, autour de la présence tutélaire d’une Isabelle Huppert dans un rôle confortable. Le spectateur flâne donc comme les personnages mais l’argument est tout de même mince pour un auteur qui nous a offert de beaux drames bordés d’émotion par le passé. Et là est le problème, au vu du sujet on devrait être touché et ému. Ce qui n’est jamais le cas. « Frankie » est donc un film particulier, pas désagréable mais totalement inutile.
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