Quand on sait que Frankenweenie était d'abord un court métrage - un projet pré-Beetle Juice, Edward Scissorhands et tous ces films qui ont fait de Burton un cinéaste renommé -, on comprend mieux le résultat et son manque de substance. Parce que cette charmante histoire d'un petit garçon, calé en sciences, qui décide de ramener son chien à la vie n'est pas inintéressante, mais elle n'est certainement pas suffisamment pertinente pour combler 84 minutes de contenu. Et ce, même si on y ajoute quelques étudiants éclatés qui décident d'imiter l'invention de Victor Frankenstein et qui se retrouvent avec des créatures monstrueuses et incontrôlables qui menacent la sécurité des citoyens.
Burton réussit tout de même, à travers ce récit inopérant, à introduire certains clins d'oeil fort bien trouvés aux vieux films d'épouvante. Une interprétation très burtonesque de la scène de la cabine téléphonique dans Birds, par exemple, fera invariablement sourire les amateurs, tout comme certaines références à Godzilla, Dracula et, évidemment, Frankenstein. Mais toutes ces belles idées d'un réalisateur qui pense en 24 images/secondes ne justifient pas le manque de contenu de son film.
Comme c'est souvent le cas avec les oeuvres de Burton, on se questionne encore sur le destinataire de ce nouveau projet. Puisqu'on parle ici d'un film d'animation, on serait porté à croire qu'on s'adresse aux enfants, mais quelques passages effrayants nous amènent à en douter. Victor et son chien sont assez inoffensifs et attachants mais les personnages secondaires, principalement les compagnons de classe du héros, donnent la chair de poule. Chacun d'eux sont des caricatures de personnages de films d'horreur, mais ça, c'est un détail (brillant peut-être) que les enfants ne remarqueront pas, plutôt intimidés par les yeux exorbités de l'un et les doigts, la bosse et les dents de l'autre. Il faut, par contre, mentionner que la petite fille avec son chat qui s'appelle Monsieur Moustache est particulièrement amusante (pour un adulte) avec sa voix en demi-ton et ses répliques angoissantes. Elle réussit presque à nous faire oublier son inutilité.
On a également voulu lancer un débat scientifique, encore ici, probablement pour mousser et donner de la substance à ce récit qui ne mène nulle part. Malheureusement, la réflexion, elle aussi, s'essouffle et l'intérêt d'introduire un volet plus intellectuel se dissipe sous le bruit des pas d'une tortue géante sur le point de détruire une Nouvelle Hollande en pleine festivités.
Comme toujours (l'histoire se répète encore et encore) le 3D n'est d'aucune utilité au sein de la fiction. On peut même affirmer ici qu'elle nuit à cette dernière. La technique stéréoscopique donne un aspect jaunâtre à l'image, qui est pourtant d'un beau noir et blanc lorsqu'on retire ces lunettes déplaisantes de notre visage. Comme si l'assombrissement n'était pas suffisant, il faut maintenant que cette technologie ridicule altère la couleur et la brillance de l'image...
Après Dark Shadows et maintenant ce fade Frankenweenie, on pourrait croire que l'excentrique Tim Burton connaît un manque de régime. Celui qui est à l'origine de « classiques » des années 2000 comme Big Fish et Charlie and the Chocolate Factory se retrouve peut-être en panne d'inspiration. Parce que dans ses deux derniers films on ne retrouvait pas les aspects déviants et cyniques qui ont fait la popularité de l'homme à la coiffure hirsute. Burton aurait-il perdu son feu?