Fraîche Critiques des membres

Miam miam.

Mieux vaut ne rien savoir avant de découvrir cette petite pépite du cinéma indépendant américain produite par la Fox avant son rachat par Disney. Une œuvre qui se retrouve de manière honteuse parachutée en streaming sur Disney +. En effet, c’est le genre de bijou de cinéma qu’on aimerait garder que pour soi pour le partager avec ses amis et qu’il est préférable de découvrir vierge de toute information. « Fresh » est difficile à décrire, tant il alterne et mélange les genres, s’affranchit avec brio des ruptures de ton et ne cesse de surprendre par ces revirements narratifs. On pense un peu au tout aussi excellent « Promising young woman » pour son côté revanche féminine baigné dans le suspense, l’humour noir et le romantisme. Ce long-métrage ne ressemble vraiment à rien de connu et c’est ce qui en fait tout le charme. Hormis le fait de surfer légèrement sur la vague #metoo et des films sur la masculinité toxique, en somme une thématique hautement actuelle, difficile de trouver une quelconque trace de déjà-vu.

Durant la première demi-heure, on se croirait vraiment dans une romance contemporaine. Une femme lassée des rencontres virtuelles, un prince charmant croisé de façon fortuite dans un supermarché et un coup de foudre naturel auquel on croit, porté par les interprétations sans fausse note de Daisy Edgar-Jones, découverte dans la très bonne série « Normal People », et Sebastien Stan, incarnation du Soldat de l’hiver dans le Marvel Cinematic Universe. C’est beau, c’est juste et ça fait vibrer nos cœurs. Mais, première surprise, le générique arrive au bout d’une bonne demi-heure et fait opérer à « Fresh » un virage à cent-quatre-vingt degrés. Le film se mue alors en une sorte de survival partagé entre du gore et un humour noir, tous deux du meilleur effet. Et même si on était bien engagé sur les rails d’un beau film sentimental, la déviation opérée ici est encore plus jubilatoire, folle et imprévisible, centrée autour du thème du cannibalisme.

Tout le reste du long-métrage, le suspense est à son comble. Et pour ne rien gâcher, « Fresh » nous dispense des invraisemblances propres à certains thrillers, chaque action des personnages étant logique, cohérente et même surprenante dans le bon sens. On pense par exemple à cet ami venu sauver le personnage principal qui préfère s’enfuir, comme beaucoup le feraient, plutôt que de jouer les héros de manière bien trop opportuniste et attendue. La mise en scène de Mimi Cave est impressionnante de maîtrise et d’élégance et les plans qu’elle nous offre sont d’un goût délicieux et agrémentés d’une bande originale aux petits oignons. L’humour très noir très second degré fait son petit effet tandis que les saillies gores ont raison d’être et apparaissent comme un exutoire autant pour le personnage féminin principal que pour le spectateur. « Fresh » est une petite bombe à retardement, impertinente, folle et imprévisible qui nous conquiert durant près de deux heures. Bravo à cette nouvelle cinéaste (car oui c’est un premier film!) dont on attend la suite avec impatience.

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