Ford v. Ferrari aurait pu être un film réservé aux initiés, un film s'adressant uniquement à ceux qui connaissent et apprécient la course automobile et tous ses rouages. Mais, James Mangold nous propose plutôt un long métrage sur la détermination et la fierté avec, en toile de fond, des moteurs et des pistes de course. Le réalisateur parvient à rejoindre presque tous les publics avec son drame sportif intelligent et sensible. On est habilement transporté dans cette histoire et on se surprend à s'avancer au-devant de notre siège lorsque le protagoniste en est aux derniers miles d'une course déterminante.
Christian Bale, dans le rôle d'un pilote antipathique, et Matt Damon, sous les traits d'un ex-pilote reconverti en designer automobile, livrent des performances magistrales. Caméléon, Bale nous étonne à nouveau grâce à son jeu juste et émouvant, alors que Damon nous charme dès les premières minutes avec un personnage attachant, armé de bonnes intentions. La complicité qui règne entre les deux hommes est palpable et soutient le film en lui apportant un aspect chaleureux salutaire. Il faut dire aussi que Tracy Letts crève l'écran dans la peau d'Henry Ford Junior, un homme qui n'accepte pas l'échec et redoute la déconfiture de son entreprise.
La qualité du scénario n'est pas à prendre à la légère dans la réussite d'une production comme celle-ci. Les auteurs nous livrent une histoire dynamique, pertinente et composite qui nous tient en haleine jusqu'à la fin. Comme le film est inspiré de faits réels, certains fanas de course automobile auront deviné comment se terminera le récit, mais ceux qui ignorent tout de ce légendaire affrontement entre les écuries Ford et Ferrari aux 24 Heures du Mans en 1966 seront surpris par la tournure des évènements. Il faut dire aussi qu'on ne s'attendait pas à rire autant. Le film comprend de fantastiques pointes d'humour qui viennent ponctuer et alléger certaines séquences dramatiques.
Impossible, par contre, de ne pas mentionner la durée excessive du film (2 h 32). On aurait pu couper 30 minutes à Ford v. Ferrari et il n'aurait rien perdu de sa candeur et de son aplomb. C'est dans l'épilogue que se trouvent les scènes les moins convaincantes; l'amputation aurait pu avoir lieu à ce niveau-là. Précisons que James Mangold a aussi fait un travail impeccable pour les séquences de course automobile. Le montage vidéo, le mix sonore et le visuel sont à couper le souffle et permettent au film de se distinguer des autres productions du même genre : Ford v. Ferrari mène le peloton de tête en route vers les Oscars.