American Pie est une franchise qui a marqué une génération complète d'adolescents (la mienne), des jeunes qui ont grandi à travers ces personnages, des idoles qu'il est difficile de retoucher sans parasiter certains souvenirs profondément ancrés. Déjà, le troisième film avait laissé un goût amer aux fans de la première heure, il fallait que ce quatrième opus (ceux parus en DVD ne comptent pas) parvienne à faire pardonner les égarements du plus récent chapitre tout en rappelant les perles du premier. Et, même si j'étais probablement l'une des plus sceptiques de toutes, je ne peux que m'incliner face à cette grande réussite. American Reunion frappe en plein dans le mille. Certains craignaient que le nouveau long métrage ne soit qu'une suite de vulgarité sans contenance alors que d'autres redoutaient le contraire, que l'on se complaise dans la mélancolie et la sentimentalité. Les scénaristes sont parvenus à un équilibre parfait entre la lubricité et l'émotion, un mélange conséquent qui nous amène à comprendre que les jeunes puceaux ont vieilli, qu'ils ont maintenant une famille, un job et des devoirs, mais que jamais ils ne renieront leur passé.
Des clins d'oeil intéressants aux années 90 - comme de mentionner que du Spice Girls est maintenant devenu un rock classique pour les jeunes d'aujourd'hui - confirment l'âge avancé des protagonistes et affublent à l'oeuvre entière une dimension de recul qu'elle n'avait jamais eu auparavant. Rien n'a été laissé au hasard, tous les personnages marquants font une apparition, tous les évènements marquants sont remémorés. De la fameuse tarte aux pommes, au vidéo compromettant de Jim en passant par « cette fois au camp musical », on ne peut qu'être touché par l'évocation de ses scènes devenues mythiques. Chacun des personnages exerce un emploi et a la personnalité que l'on s'attendait de lui, rien n'est vraiment invraisemblable dans la tournure que prennent les évènements. Et tous, à la fin de cet ultime opus, terminent là où ils devraient être. Peut-être que ce semblant de perfection, ce dénouement prévisible aurait pu être dérangeant, mais on nous l'amène si candidement, si naturellement, qu'il s'avère en fait être réconfortant.
Les acteurs s'acquittent tous habilement de leur rôle. Seann William Scott semble avoir repris les chaussures de Stifler avec une aise déconcertante. Jason Biggs est toujours aussi convaincant, même si son alter-ego a vieilli et doit maintenant gérer des problèmes bien différents que ceux qu'il affrontait à l'école secondaire. Il a toujours des discussions inconfortables avec son père, un Eugene Levy d'une efficacité incroyable, mordante.
Il est, bien entendu, délicat de s'attaquer à une série symbolique comme American Pie, inévitablement certains seront déçus, n'ayant plus le plaisir qu'ils avaient jadis à regarder Jim se masturber avec un bas. Mais ce n'est peut-être pas la grivoiserie du film le problème, c'est peut-être tout simplement le temps, celui qui a fait que ces adolescents qui se marraient devant American Pie au début des années 2000 sont maintenant des adultes. American Reunion n'aurait pu, scénaristiquement et techniquement, être mieux que ça, mais, comme le film le dit si bien : « Les choses qui sont marrantes quand on est adolescents sont souvent criminelles quand on est adulte ».
Les scénaristes sont parvenus à un équilibre parfait entre la lubricité et l'émotion, un mélange conséquent qui nous amène à comprendre que les jeunes puceaux ont vieilli, qu'ils ont maintenant une famille, un job et des devoirs, mais que jamais ils ne renieront leur passé.
Contenu Partenaire