Dix ans après avoir perdu leur virginité lors d'une soirée qui a changé leurs vies, Jim, Michelle, Kevin, Oz, Finch et Stifler sont de retour dans une aventure renouvelée, après le désastre qu'avait été American Wedding en 2003. American Reunion est donc une très bonne surprise; c'est peut-être le meilleur film de la série. Voilà exactement le film qu'il fallait faire pour sauver une franchise en perdition, puisqu'il faut avouer que les trois premiers films ont généralement assez mal vieilli.
Réalisé par Jon Hurwitz et Hayden Schlossberg, les deux responsables des mauvais coups d'Harold et Kumar comme réalisateurs et/ou scénaristes, American Reunion répond tout à fait aux attentes et profite de ces années de répit pour se ressourcer, pour retrouver l'élan de la jeunesse de ses personnages. C'est encore une comédie de situations parfois absurde où le malaise prévaut en tout temps et qui tombe parfois dans l'humour scatologique (ais-je dis parfois? je voulais dire souvent), mais ces saynètes font aussi partie d'un tout qui s'avère aussi cohérent que possible. Ce qui ne veut pas dire intelligent, ni logique, mais suffisamment rafraîchissant pour contourner cette impression de déjà vu. Et même assez engageant, puisqu'on connaît bien les personnages et qu'ils sont fidèles à eux-mêmes.
L'humour dans les comédies pour ados américaines a tellement changé depuis 1999 (Superbad et The Hangover ont tout bouleversé) qu'il fallait une fraîcheur, une audace renouvelée : mission accomplie. Plusieurs trouvailles hilarantes (et autoréférentielles, c'est-à-dire qu'elles plairont presque exclusivement aux fans de la série) viennent revigorer une intrigue qui autrement s'empêtrerait dans ses propres pieds. On prend donc plaisir à découvrir la nouvelle vie de ces personnages qui semblent si naturels, et ce malgré une introduction chancelante (parce que presque entièrement dévoilée dans la bande-annonce... mauvaise idée).
Ces acteurs, qui étaient si jeunes et inexpérimentés il y a dix ans, sont maintenant de très efficaces acteurs comiques et leur complicité est palpable à l'écran, exception faite du personnage de Michelle, qui est plutôt fade par rapport aux autres; disons que le concept entier de la « famille » de Jim n'a rien de bien crédible (mais où est donc l'enfant? ... on s'en fout), pas plus d'ailleurs que les personnages secondaires jetables (et ils seront jetés, ne vous inquiétez pas) qui accompagnent les héros au début du film. Mais on s'amuse et on s'étonne.
On en oublie même à quel point ce film est conservateur et réactionnaire, malgré ses « digressions » mineures... La morale est sauve, pas d'inquiétude. Et on ne parle pas non plus de l'expérience d'une vie (life changing experience); c'est peut-être ça, au fond, le point : la vie continue et les choses ne changent jamais vraiment. Espérer que ces quatre ados obsédés par le sexe aient changé sous prétexte qu'ils ont vieilli serait... absurde, tout simplement.