Kevin Smith a pris l'habitude de heurter le spectateur avec son humour déjanté, poussant les limites de la vulgarité toujours un peu plus loin. Par contre - malgré un petit conflit interne qui a obligé Smith à changer son titre initial (Couple of Dicks), jugé trop roturier - Flics en service s'avère plutôt douillet en comparaison des oeuvres précédentes du réalisateur. Certes, de nombreuses allusions à la « merde » ou au sexe nous rappellent la signature de Smith, mais rien pour outrer grand-mère.
Deux policiers de New York, Jimmy et Paul, font équipe depuis neuf ans. Le jour où une précieuse carte de baseball de Jimmy, qui devait servir à payer le mariage de sa fille, est volée, les deux confrères se lancent dans une chasse à l'homme effrénée, entraînant avec eux un otage espagnol et un agile voleur.
La performance la plus efficace - et amusante - du long métrage est sans contre dit celle de Seann William Scott. Bien que très secondaire, son personnage amène une insolence bienvenue à un récit décousu et souvent rébarbatif. Tracy Morgan fait un travail convenable alors que Bruce Willis semble davantage mal-à-l'aise, intimidé par l'univers saugrenu dans lequel il baigne.
L'histoire est assez commune; celle de deux policiers bêtes qui, voulant sauver leur propre « cul », finissent par devenir des héros. On peut accepter l'impersonnalité du récit et sa morale factice - présente dans de nombreuses comédies américaines - mais de là à outrepasser la banalité des dialogues et l'irrégularité scénaristique, c'est trop demander quant on sait que le nom de Kevin Smith figure au générique. On pourrait certes expliquer ces faiblesses en soutenant que le créateur de Jay et Silent Bob n'est pas à l'origine des textes, mais ce serait une trop simple esquive face à la réputation de provocateur de ce dernier. Il y a bien certaines scènes délicieuses qui frôlent l'arrogance, mais elles sont souvent suivies par de longues séquences insignifiantes qui ne font que confirmer la candeur des personnages et le désordre narratif.
La réalisation de Smith est somme toute assez modeste; on aurait apprécié qu'il verse davantage dans des montages alternés comme lorsque le personnage de Tracy Morgan décrit la possible aventure de sa femme avec le voisin, mais il se limite à cette compétente digression. Sachant que l'on s'adresse à un public jeune - cool et branché - on nous assomme de références actuelles telles que Wikipedia, YouTube, Blackberry, SMS et j'en passe, en assumant que ces référents soient drôles malgré leur incohérence dans le récit. Que Bruce Willis, coincé dans un édifice infesté d'ennemis, décide d'envoyer un message texte au lieu de téléphoner pour éviter le bruit n'a rien de marrant, c'est seulement complètement stupide. Dans ces moments-là, on est loin de John McClane.
Malgré de nombreux points communs avec Beverly Hills Cop, qui avait connu un grand succès dans les années 80, Flics en service manque trop de rythme et de structure pour être à la hauteur de ses précurseurs. Toujours entre la bassesse et la moralité, le film n'assume jamais complètement son orientation. Un peu comme si un film de Disney - ... ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants - finissait par un pet.