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Une fille, son père, ...
Le grand Sean Penn s’est révélé comme un cinéaste de talent à ses débuts derrière la caméra avec des films forts comme « Crossing Guard » et « The Pledge ». Puis il a signé son chef-d’œuvre indémodable avec le magnifique et inestimable « Into the Wild ». Une décennie après, son film suivant a été un échec public et critique cuisant (« The last face »). Il revient cette fois avec un petit film moins ambitieux et plus personnel qui narre la relation tourmentée entre une fille et son père quelque peu instable. Inspiré d’une histoire vraie, Penn a fait sienne cette histoire puisqu’il incarne le père, que ses propres enfants jouent sa fille et son fils à l’écran. On n’est jamais mieux servi que par soi-même comme le dit l’adage et « Flag day » de se présenter comme un charmant film familial à défaut d’être inoubliable.
Le début est un peu laborieux entre flashbacks parfois fastidieux et scènes déjà vues dans ce type de films. On ne retrouve pas vraiment sa patte et on se demande où Penn veut en venir. Mais dès lors que sa fille à l’écran grandit et prend les traits de Dylan Penn, un petit miracle se produit. Penn révèle sa fille. Et c’est beau puisqu’elle a toutes les qualités d’une grande actrice d’après ce qu’on peut voir dans « Flag day ». Elle est pour beaucoup dans la réussite du film. Lorsqu’il se recentre véritablement sur leur relation, il prend son envol et nous cueille. Jusqu’à un beau final déchirant. Ce père menteur, mal dans ses baskets et peu fiable va faire grandir cette jeune fille et lui permettre de s’accomplir, contredisant tout déterminisme social ou psychologique. C’est fait avec douceur et volupté grâce à une cinématographie à la fois vintage et sobre de toute beauté.
« Flag day » est donc un drame classique, presque suranné, auquel Penn apporte sa sensibilité et certainement beaucoup de lui-même. Un film apaisé et touchant qui convoque un cinéma disparu. Il y a parfois des digressions naturalistes à la Terrence Malick qui se fondent bien dans le reste et rappellent « Into the Wild ». Penn ne retrouve certes pas la grandeur de ses premières mises en scène mais cette œuvre est loin d’être déshonorante et faire ressortir un doux parfum de nostalgie bievenu. Cette oeuvre finit même par nous captiver et nous émouvoir par sa sobriété assumée et appréciable. « Flag day » ne passera peut-être pas les années mais il se suit avec plaisir et de manière confortable. Comme un vieux film passéiste qui rappelle que parfois la simplicité et l’absence d’effets spéciaux ou de gros budget peut encore donner des œuvres agréables et dramatiquement puissantes.
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