Late Night raconte une histoire originale, celle d'une animatrice de talk-show sur le point d'être remplacer par un humoriste plus jeune, et s'intéresse à des sujets pas ou peu exploité au cinéma, dont les quotas ethniques dans les entreprises (plus précisément ici dans le monde de la télévision) et des équités, salariales et autres, entre les hommes et les femmes. On ose aussi aborder des thèmes plus pointus comme les tabous dans les médias, la transformation du médium de la télévision et l'âgisme à Hollywood.
Le long métrage nous permet de pénétrer dans les coulisses d'un grand talk-show américain, plus précisément dans la salle de rédaction des auteurs, un lieu généralement bien peu fréquenter par les téléspectateurs. La vision féministe, moderne et honnête du film est inspirante et rafraîchissante.
Mindy Kaling, qui en plus d'interpréter l'un des premiers rôles féminins, a rédigé les textes du long métrage et l'on voit qu'elle connait bien son sujet. Même si l'histoire de Katherine Newbury, incarnée par la grande Emma Thompson, est fictive, on y croit du début à la fin. La scénariste parvient à nous convaincre dès les premières lignes de la véracité de son personnage. Cette animatrice rigide, qui entretient une relation toxique avec ses employés et qui ne voit pas les failles évidentes de son entreprise, pourrait être réelle.
Thompson est évidemment responsable en grande partie de l'authenticité de la protagoniste. L'actrice nous dévoile une femme froide et antipathique en apparence, qui s'avère finalement sensible et compréhensive. Le rôle, créé sur mesure pour Thompson, lui va comme un gant. En tant que comédienne, Kaling se débrouille aussi fantastiquement bien. On s'attache rapidement à son personnage, une auteure sans expérience qui rejoint l'équipe de rédaction à cause de son sexe et de la couleur de sa peau. John Lithgow est aussi très touchant sous les traits du mari de Katherine, atteint de la maladie de Parkinson.
L'humour s'avère aussi particulièrement efficace. On ose des gags misogynes, vulgaires, provocants, mais ceux-ci ne sont jamais gratuits; ils portent l'histoire et la font avancer. On aurait quand même apprécié un style encore plus grinçant, brodés de davantage de répliques assassines. Par contre, comme c'est le cas pour la plupart des comédies américaines, la traduction vient entacher l'efficacité du rendu. Il s'agit, très certainement, de l'un de ces films qu'il est préférable de voir en version originale.
Late Night ne révolutionnera pas le monde du cinéma avec sa finale prévisible et sa facture convenue, mais il se révèle une belle surprise et un divertissement intelligent plutôt efficace.