Dans la plus pure tradition des films d'action, Feu à volonté trouve le filon de la fraîcheur et de l'insouciance de la jeunesse pour offrir un divertissement extrême. De quoi heurter les mentalités et en offusquer plus d'un.
Un mystérieux homme amateur de carottes sauve un bébé d'une escouade de tueurs à gages. Incapable de l'abandonner, il fait appel à une prostituée spécialisée dans la lactation, qui est chargée de prendre soin du nouveau-né pendant qu'il lève le voile sur un complot gouvernemental, avec un tueur à gages surdoué à ses trousses.
Clive Owen reprend presque intégralement - manteau en cuir et attitude inclus - et de brillante façon son personnage de Sin City, dans ce qui espère être un film d'action bourré d'adrénaline; sanglant, cruel et désopilant. Les clichés sont nombreux et délibérément étalés dans ce film qui ne manque pas d'audace et de créativié. Toutes les manières de mourir sont bonnes, et c'est à celui qui sera le plus inventif. Le plaisir, pour le spectateur averti, est décuplé à chaque fois que le film ose aller plus loin dans sa parodie de l'anti-héros.
Dans ce qui est un hommage évident à John Woo et à ces tueurs professionnels qui ne savent pas tirer, le film Michael Davis (réalisateur et scénariste) s'approche de l'esthétique de la bande-dessinée par l'invraisemblance de ses nombreuses fusillades. Parce que le cinéaste utilise ces codes intentionnellement, ce n'est plus un défaut mais bien une qualité, particulièrement dans ce genre qui a tout vu et tout entendu, que de savoir quand, conformément à l'esprit postmoderne, tout a été dit et montré, et comment s'en servir comme d'un tremplin pour atteindre de nouveaux objectifs.
Le réalisateur a su utiliser les codes et les stéréotypes à son avatange, de la même manière et pour les mêmes raisons que son personnage principal lorsqu'il fait pousser ses carottes. Le film ne s'en porte pas plus mal, bien au contraire, et c'est d'ailleurs là qu'on remarque le mieux son charme spécifique. Les acteurs brillent tous, particulièrement Paul Giamatti qui semble prendre un plaisir contagieux et qui peut démontrer tout son talent.
Certains diront qu'il n'y a rien d'autre à espérer de Feu à volonté que de l'action pure, que le plaisir sadique des fusillades au grand écran. Faux. Même s'il ne prêche pas pour une quelconque retenue, le film de Michael Davis - peut-être même au grand étonnement de son réalisateur - s'inscrit dans le débat social du port d'armes à feu. Le prétexte peut bien être l'humour, reste que le film résume le débat sans y prendre position ostensiblement, mais en démontrant, un peu à la manière des créateurs de South Park et de Team America : World Police, que tout le monde a tort et que personne ne peut avoir raison quand un débat devient si exalté et qu'on tient si fermement à ses positions. Le personnage central incarne cette division, et c'est parce qu'au cinéma personne ne meurt pour vrai que Feu à volonté peut se permettre une incursion dans cette dispute sans fin sans que personne n'en souffre vraiment. Le culte de la violence reçoit un regard neuf, premier pas veys une véritable compréhension qui ferait la différence entre la fiction et la réalité, entre le cinéma et la vraie vie.
Dans la plus pure tradition des films d'action, Feu à volonté trouve le filon de la fraîcheur et de l'insouciance de la jeunesse pour offrir un divertissement extrême. De quoi heurter les mentalités et en offusquer plus d'un.
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