Le succès des Choristes, de Christophe Barratier, n'a pas de commune mesure. Film-événement autant en France qu'au Québec, le film a fait naître aux yeux et aux oreilles du public Jean-Baptiste Maunier, le jeune chanteur à la voix d'ange de Vois sur ton chemin. Une histoire inspirante, des acteurs de talent, un véritable film populaire, rassurant, et c'était le succès assuré. Faubourg 36 a beaucoup en commun avec ce succès : une jeune première à la voix magnifique, des chansons, de la nostalgie, du bonheur, et Gérard Jugnot. Mais Faubourg 36, c'est un film joyeux dans un film triste, c'est deux films en un et un de trop. C'est aussi l'aspect fraîcheur en moins.
En 1936, en pleine ascension du Front populaire, les techniciens de scène du Chansoniat se retrouvent au chômage suite au rachat, par le caïd Galapiat, de la petite salle d'une banlieue de Paris. L'un d'entre-eux, Pigoil, décide de se reprendre en main lorsqu'il perd la garde de son garçon : il va rouvrir et exploiter le Chansoniat en montant avec ses amis Jacky Jacquet, imitateur incompris, et Émile Leibovich, militant, un spectacle de variétés... qui ne marche pas très fort. Jusqu'à l'arrivée de Douce, protégée par Galapiat, qui a une voix exceptionnelle et qui attire l'attention du tout-Paris. En plus de celle d'Émile...
Pas ou peu de surprises parsèment le long parcours qui dont mener à la conclusion de Faubourg 36. La logique est respectée et l'honneur est sauf, à travers ce mélange de pitié et de compassion qui fait des films populaires ce qu'ils sont. Est-ce que Pigoil va retrouver son fils? Est-ce que l'amour impossible entre Émile et Douce pourra enfin s'épanouir au grand jour? Faut-il vraiment poser la question?
Qu'à cela ne tienne, le tout, qui s'approche souvent du théâtre filmé, est mis en scène efficacement par Barratier, qui se lance quelques défis et qui les relève. Sa caméra est plus ambitieuse, plus mobile. La direction artistique impressionnante et les acteurs, tous convaincants, campent l'histoire dans ce 1936 qu'on ne peut qu'imaginer. La recrue Nora Arnezeder impression plus souvent qu'à son tour au milieu des grands noms Pierre Richard, Kad Merad, Clovis Cornillac et Jugnot. Ses chansons à la Piaf n'ont cependant pas l'ampleur des premiers succès de Barratier du temps des Choristes.
Trop long, le film aurait dû abandonner cette trame dramatique saugrenue qui allonge pour rien un long métrage qui était jusque là parvenu à partager un peu du bonheur d'être ensemble d'individus attachants qui, au-delà des trahisons, s'aiment d'une profonde et sincère amitié. La solution paraît si simple (couper, couper, couper) pour resserrer le film qu'on se demande encore pourquoi rien en ce sens n'a été fait.
Au-delà des clichés, Faubourg 36 est un film au grand coeur, qui plaît tout simplement. Ou qui excède, plus simplement encore. Il est aussi facile de se laisser convaincre que cette belle histoire est bonne pour l'humanité que de croire qu'elle aborde la vie avec une naïveté surannée. On a déjà vu des films plus audacieux, des films plus cinématographiques, mais on a aussi déjà vu des films beaucoup moins réussis.
Faubourg 36 a beaucoup en commun avec ce succès : une jeune première à la voix magnifique, des chansons, de la nostalgie, du bonheur, et Gérard Jugnot. Mais Faubourg 36, c'est un film joyeux dans un film triste, c'est deux films en un et un de trop. C'est aussi l'aspect fraîcheur en moins.
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