Depuis quelques années, les films d'Adam Sandler ne sont plus ce qu'ils étaient. L'âge d'or d'Happy Madison (fin des années 1990, début 2000) est définitivement terminé, même si certains incorruptibles continuent de suivre religieusement sa carrière et ses tentatives désespérées de regagner son public. Ramener Drew Barrymore au générique de son nouveau film (avec qui il a fait précédemment deux films qui ont connu une popularité indéniable; The Wedding Singer et 50 First Dates) était un effort légitime. Et bien que la bande-annonce n'annonçait rien de bien glorieux, le long métrage s'avère moins pathétique et affligeant que Jack and Jill, Just Go With It et That's My Boy l'ont été.
Bien sûr, il y a encore des scènes de mauvais goût, dont une - présente dans la bande-annonce - dans laquelle on peut admirer Barrymore débecter une soupe à l'oignon, mais, rassurons-nous, elles sont moins nombreuses qu'à l'habitude. Comme il est souvent coutume dans la cinématographie de Sandler, l'humour (le plus cinglant et efficace) est souvent livré par les personnages secondaires. C'est encore le cas ici. Terry Crews fait un travail exceptionnel dans le rôle d'un coloré G.O. africain au sang chaud qui chante avec une chorale pour animer les activités de ses convives. Jessica Lowe est également très amusante sous les traits de la blonde de service.
L'idée de Blended était vraiment pertinente et de son temps. Les familles reconstituées pullulent et les parents monoparentaux qui font de leur mieux pour comprendre leur enfant d'un autre sexe, mais qui sont malhabiles et rapidement dépassés, aussi. Un père qui va acheter des tampons à sa fille et une mère qui se procure une revue porno pour son adolescent parce qu'elle a malencontreusement déchiré la page centrale de l'une d'elles n'est certes pas la conjoncture la plus originale, mais elle laisse place à des quiproquos payants. Ce ne sont, par contre, pas tous les imbroglios qui sont réussis dans ce film. La plupart, stéréotypés, laissent un goût amer au cinéphile qui s'ennuie des jeux d'esprit d'autres récentes comédies. Et c'est sans parler des calembours (qui ne fonctionnent, d'ailleurs, qu'en version originale) qui manquent de caractère et d'audace.
La relation amoureuse entre Barrymore et Sandler a déjà été crédible par le passé, mais ici, la magie ne fonctionne pas. On comprend rationnellement ce que le film nous propose; deux parents célibataires qui veulent ce qu'il y a de mieux pour leurs enfants et s'oublient, mais la complicité est moins au rendez-vous qu'au sein de leurs précédentes collaborations.
Blended a aussi tenté de titiller les cordes sensibles de ses spectateurs, de ne pas seulement les faire rire, mais de le toucher aussi. À ce point de vue, le long métrage réussit assez bien son objectif, et les enfants y sont pour beaucoup là-dedans, évidemment. Une petite fille mignonne qui dit que sa mère, décédée du cancer, lui manque, c'est déchirant qu'on soit dans un drame psychologique ou dans une comédie de situation. Chacun des jeunes acteurs se débrouille d'ailleurs relativement bien, apportant une sensibilité étonnante à cette virée loufoque en Afrique.
Malheureusement, les quelque vingt dernières minutes laissent une impression de lourdeur à l'ensemble de la production, qui se voulait pourtant légère. Comme l'aspect sentimental n'a pas été suffisamment bien développé au cours du récit, la finale romantique ennuie plus qu'elle émeut. Cela dit, Blended est bien moins pire qu'on avait le droit d'anticiper. On se surprend à rire à gorge déployée à quelques endroits et à retenir des larmes à d'autres. Un dosage efficace, même si nous sommes encore bien loin du retour à l'âge d'or.