Familia examine avec une simplicité de rigueur toute une panoplie de thématiques. De la famille elle-même au sexe sur Internet, à l'avortement et à l'usage de drogue, tout y passe, et tout reste très pertinent grâce à un bel effort de réalisation et aux actrices.
Le premier effort de réalisation d'un long-métrage de Louise Archambault prend l'affiche au Québec avec de grandes attentes. Des attentes démesurées pour un film délibérément simple, mais pas simpliste pour autant. En fait, la simplicité c'est l'honnêteté qu'il fallait à ce film pour émouvoir et toucher. Familia explore un très grand nombre de thèmes, le plus souvent reliés à la famille, mais aussi résolument modernes. Et c'est tout à l'honneur de la réalisatrice et scénariste de l'avoir fait avec une évidente bonne volonté. La simplicité, ici, signifie l'intensité dramatique.
Michèle, aux prises avec de graves problèmes de jeu, doit emménager chez Janine, une amie d'enfance, avec sa fille de 14 ans, Marguerite. Janine a aussi une adolescente, Gabrielle, qui se liera vite d'amitié avec Marguerite, pendant que leurs mères respectives vivront un choc face à leurs différences. Sans oublier que Janine, dans sa banlieue quasi-parfaite, a aussi ses problèmes : un mari absent et une fille qui la déteste. Et tout ce beau monde tirera des événements qui se précipitent de douloureuses, mais nécessaires, leçons de vie.
Les performances des actrices ne peuvent être passées sous silence. D'abord Sylvie Moreau, qui compose un personnage complexe, si facile à détester un instant et à aimer l'instant suivant, puis Macha Grenon, qui lui donne une réplique convaincante, plus émotive mais non moins assurée. La petite Juliette Gosselin, découverte dans Nouvelle-France, parvient elle aussi à toucher la sensibilité des spectateurs grâce à sa…simplicité, sa vulnérabilité. Mylène St-Sauveur est cependant la véritable découverte du film, elle est tout à faite crédible dans un rôle exigeant. Enfin une adolescente qui semble de son temps, l'émotivité de Familia est le plus souvent transmise par elle.
Reste que le film est résolument « québécois » dans sa forme, d'abord dans son scénario puis dans son rythme, dans ses longs plans aériens et dans l'utilisation de la musique, redondante à un moment. Ce n'est pas très innovateur, pourtant le résultat séduit – si le mot est approprié – parce que derrière cette simplicité volontaire se cachent des sujets très sérieux. Les relations mères-filles, l'avortement, l'adolescence, le sexe sur Internet, le jeu compulsif et l'infidélité, pour ne nommer que ceux-là. Malgré cette opulence de thématiques – et étonnamment d'ailleurs – le film n'est jamais trop pesant. On pourrait lui reprocher d'à peine effleurer quelques-uns de ces thèmes, mais ce n'est pas trop agaçant, au moins pendant la projection. Il y a aussi le narrateur, qui n'est pas vraiment utile, mais qui n'est pas non plus très présent.
Plusieurs scènes ont une magnifique intensité simpliste d'observateur, d'observatrice, pris au dépourvu. Cette scène sur le pont, par exemple, ou la scène de la fellation, qui sont filmées simplement, sans artifices factices et sans fioritures. Et avec bon goût, dans la mesure du possible. C'est tout simplement, comme ça, que Familia peut transmettre l'émotion brute inhérente à plusieurs scènes très sérieuses d'une histoire qui n'a de facile que l'apparence.
Une belle histoire, réalisée modestement, avec de bonnes actrices, voilà Familia. Dommage pour le traitement très « québécois » et pour les thèmes à peine abordés, mais il semble qu'on puisse très bien faire sans quand l'ensemble est si convaincant. Laver son linge sale en public n'aura jamais été aussi effiace.
Familia examine avec une simplicité de rigueur toute une panoplie de thématiques. De la famille elle-même au sexe sur Internet, à l'avortement et à l'usage de drogue, tout y passe, et tout reste très pertinent grâce à un bel effort de réalisation et aux actrices.
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