Il se dégage d'American Made l'agaçante impression que nous avons déjà vu ce film auparavant. Il y a un peu de Gold, un peu de Catch Me If You Can, un peu de Fargo, puis de Flight et de tous ces films américains impliquant soit une mission top secrète du gouvernement, un pilote habile ou un homme dont l'avarice dépasse la morale... Bien des films américains quoi...
Par contre, au-delà de cette fâcheuse impression de déjà-vu, American Made nous offre un divertissement compétent et quelques brèves leçons d'histoire. Évidemment, la pédagogie n'est pas la principale motivation de ce long métrage, mais cette trame de fond d'une Amérique en perdition sous Reagan apporte certainement une touche de réalisme à cette histoire difficile à croire.
American Made raconte les aventures saugrenues de Barry Seal, un pilote de ligne pour la TWA qui est recruté par la CIA pour participer à une opération secrète misant à fournir de l'armement à des alliés des États-Unis en Amérique du Sud. Attiré par l'argent promis par le gouvernement, Seal abandonne sa carrière, pourtant florissante, pour se dévouer à son nouveau rôle de patriote. Mais, bientôt les choses s'enveniment lorsque Pablo Escobar et sa bande du cartel de Medellín se joignent à la fête. Le pilote travaillera alors pour plusieurs organisations simultanément, accumulant les billets de banque et les ennuis.
La façon dont Doug Liman a choisi de traiter cette histoire est fort intéressante. Alternant entre une photographie vieillie, voire verdâtre, des images d'archives et un visuel actuel, il procure à son film un style original et une âme intemporelle. L'utilisation sporadique de la caméra à l'épaule personnalise aussi la production et la rend plus crédible. Parce que, bien que le film soit marqué par le sceau de l'histoire vraie, celle-ci nous apparaît souvent invraisemblable, largement exagérée. Liman arrive aussi habilement à jouer sur les tableaux de la comédie, du drame et du suspense. Malgré la gravité des guêpiers dans lesquels il se fourre, ce personnage renferme un grand potentiel comique et le réalisateur l'a bien compris.
Cela faisait un certain temps que nous n'avions pas vu Tom Cruise aussi en contrôle et à l'aise à l'écran. Ce personnage de pilote malhonnête, cupide et un peu bonasse, lui va à merveille. Il navigue dans cette histoire avec l'assurance et la désinvolture qu'il avait dans les bonnes années de Mission: Impossible. Les autres acteurs sont compétents, mais ils tiennent tous des rôles secondaires et accessoires en comparaison à Cruise, qui est de presque toutes les scènes.
On parle ici d'un divertissement de qualité. Sans trop écorcher l'administration Reagan et les soucis des États-Unis de cette époque, le cinéaste nous offre un film américain bien bâti, malgré quelques longueurs en fin de parcours.