Extremely Loud and Incredibly Close est un film typiquement américain; patriotique, vibrant, émouvant, moraliste, explicite, réconfortant en plus de mettre en vedette Sandra Bullock (devenue depuis quelques années un symbole américain; pour des raisons qui me sont, encore à ce jour, nébuleuses) et un jeune acteur inconnu au talent déroutant. Bien que ce premier commentaire puisse sembler péjoratif, il n'en est rien. Les États-Unis ont tendance à mettre certains éléments de l'avant dans leurs productions qui nous rappelle son histoire et ses valeurs, mais cela ne fait pas de ces oeuvres des films prévisibles et clichés, bien au contraire. Lorsque nos voisins du Sud parviennent à créer un long métrage original malgré un collage attendu de critères, de conditions, le résultat est épatant. Ce drame poignant, dépeignant l'histoire d'un jeune garçon asperger du nom d'Oskar qui tente de retrouver la serrure qui correspond à la clé qu'il a trouvée dans les affaires de son père, mort dans le World Trade Center lors des attentats du 11 septembre 2001, fait partie de ces merveilles que crée sporadiquement le cinéma américain, grâce à une recette tracée, pourtant, depuis Thomas Edison.
Le film brosse un portrait humain et chaleureux de New York, même si le jeune protagoniste craint les ponts, les bruits, les gens, les gratte-ciels, les métros, les inconnus, les balançoires et tout ce qui pourraient briser la stabilité de son monde, la ville finit par nous apparaître comme un lieu apaisant et riche en découvertes de toutes sortes. La réalisation photographique de Stephen Daldry cautionne également cet éloge à la Grosse Pomme en livrant des images fabuleuses de certains des lieux mythiques de cette île urbaine. Les portraits faits de chaque étranger que rencontre le garçon sont aussi des chefs-d'oeuvre en eux-mêmes. À travers le visage, les yeux, les gestes d'une personne, on peut en comprendre énormément, et cela, Daldry l'a compris. Il y a plusieurs individus que l'on ne nous présente pas par des mots, mais une seule photo de leur figure est suffisante pour nous faire comprendre leur histoire.
Le long métrage est accompagné par une narration extra diégétique dominée par la voix douce et réconfortante du héros. Pour nous expliquer sa maladie et son intelligence particulière, les scénaristes ont choisi d'inclure de manière épisodique au sein de cette dissertation des faits insolites qui préoccupent le jeune narrateur, comme « si le soleil explose, il faudra huit minutes avant que la noirceur nous atteigne » ou « il y a plus de gens sur Terre présentement qu'il y a eu de morts dans toute l'histoire du monde ». Ces anecdotes, a priori sans conséquence, donnent le ton au film et amènent le spectateur à réfléchir, à analyser les évènements plutôt qu'à seulement les observer passivement.
Le récit s'avère fondamentalement triste, même grave (les kleenex sont nécessaires pour tous les cinéphiles sensibles et émotifs), mais Eric Roth (le scénariste) est parvenu à inclure quelques passages humoristiques, quelques situations cocasses, qui détendent l'atmosphère, souvent lourde et déchirante. On ne peut passer sous le silence la performance magistrale de Thomas Horn - le nouveau Haley Joel Osment -, qui parvient à nous transmettre habilement la rage et la détresse qui habitent Oskar. Max von Sydow, qui incarne un grand-père muet, est aussi un personnage marquant (avec un casting parfait) qui fait avancer significativement l'histoire. Extremely Loud and Incredibly Close est peut-être typiquement américain et peut-être aussi légèrement trop long, mais il frappe en plein coeur, là où des avions ont frappé New York, il y a de cela dix ans. Une blessure que l'on tente encore de guérir avec l'art que l'on maîtrise le mieux aux États-Unis: le cinéma.
Lorsque nos voisins du Sud parviennent à créer un long métrage original, malgré un collage attendu de critères, de conditions, le résultat est épatant. Ce drame poignant fait partie de ces merveilles que crée sporadiquement le cinéma américain, grâce à une recette tracée, pourtant, depuis Thomas Edison.
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