Rédiger une critique
Vous devez être connecté pour pouvoir rédiger une critique.
Cocktail explosif et dégénéré.
Quel pied! Disons-le d’emblée, « Bloody Milkshake » ne plaira pas à tout le monde. Pire même, il risque de certainement scinder son auditoire en deux. C’est un défouloir cinématographique, purement et simplement. Il va irriter une partie des spectateurs qui le trouveront peut-être maniéré, exagéré, voire idiot, quand les autres - dont nous faisons partie - jubileront devant ce film d’action au féminin complètement barré et jusqu’au-boutiste dans ce qu’il propose. Comme annoncé précédemment, c’est un véritable exutoire, un sacré moment de détente et de divertissement de voir toutes ces dames s’agiter et combattre à l’écran. Pourtant, les dix premières minutes s’avèrent un peu brouillonnes et permettent d’en douter. Et Karen Gillian dans le rôle principal manque peut-être un peu de charisme et de magnétisme dans le rôle principal. Hormis ces deux petites réserves, c’est le pied à deux cent pour cent durant deux heures pour qui aime les films d’actions rythmés, carrés et qui développent un univers propre.
A ce titre, on pourrait dire que « Bloody Milkshake » tend vers le plagiat éhonté ou qu’il se pare de trop de références prises un peu partout et régurgitées pour être totalement honnête. Mais on peut le voir plutôt comme un énorme et généreux hommage à tout un pan récent du cinéma d’action qui prend le parti d’honorer la gent féminine, comme c’est beaucoup le cas en ce moment. Le long-métrage porte donc bien son nom puisque c’est un cocktail incroyable de nombreux films ou influences vus plus ou moins récemment. On pense à un « John Wick » au féminin pour la mythologie derrière ces tueuses et l’organisation derrière. Et, par ricochet, au moins connu mais tout aussi appréciable « Hotel Artemis ». A « Kingsman » également pour les combats proprement délirants et cartoonesques. Un peu à « Léon » aussi pour la relation entre cette tueuse et la petite fille. Et bien sûr, à toute la filmographie de Tarantino, notamment « Kill Bill » pour la violence graphique et l’humour noir. Ce mélange hasardeux de prime abord ou même l’abus de références aurait pu aboutir à un film déplaisant ou sans personnalité mais au contraire, elles sont tellement bien digérées et agrémentées d’une touche bien particulière qule film se les réapproprie. Le résultat confine à la magie et nous étonne de sa maestria.
Pourtant, le réalisateur israélien Navot Papushado était l’auteur (mais en duo) d’un film tout aussi clivant mais celui-là détestable (« Big Bad Wolves »), une œuvre acclamée par Tarantino à l’époque. Il passe donc du film désagréable à un pur condensé de jouissance cinématographique. D’ailleurs à ce titre, comme pour « John Wick », chaque scène d’action est un morceau de bravoure visuel et d’invention. Une chorégraphie de fureur et de cascades proprement effarantes. Et ce n’est pas comme s’il était facile d’innover à ce niveau. « Bloody Milkshake » contient même la séquence de combat la plus folle de l’année (pour le moment) : celle où notre héroïne n’a plus l’usage de ces bras, précédemment anesthésiés, et qui se retrouve à combattre dans un couloir d’hôpital des sbires shootés au gaz hilarant. Totalement improbable et dingue! Du pur plaisir de cinéma. Ajoutons à cela la scène de fusillade la plus belle (oui, encore) vue cette année, en l’occurrence celle avec un ralenti poussé à l’extrême dans le dinner. Vous aurez compris que ce film est un plaisir de chaque instant pour les amateurs d’action débridée. Enfin, en plus de se doter d’une mythologie intéressante mais pas encore développée au maximum (on veut une suite!), les décors choisis rendent les lieux de l’action agréablement flous en créant presque une ville de toutes pièces avec des endroits situés sur tout le globe. Cela créé un tout sublime finissant de parfaire ce film et de le rendre unique et bravo au chef décorateur et au directeur des repérages. « Bloody Milkshake » c’est un patchwork complètement fou, inscrit en plein dans la mouvance #metoo et le girl power mais avec doigté et un énorme grain de folie. On en veut encore!
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.