Du créateur d'Henri pis sa gang et de Beavis and Butt-Head, cette comédie anecdotique sans inspiration semble d'autant plus pâle qu'elle promettait grandement. Pouvant compter sur plusieurs acteurs (peut-être pas tous talentueux mais) tous dotés d'un sens comique bien développé, Essence s'avère être mollasse, incertain, confus. Ne voulant pas miser sur la carte de la vulgarité (d'accord, ça se défend), on mise plutôt sur une histoire de mariage pas tellement amusante à laquelle on ajoute des personnages stéréotypés qui ont la tâche, la responsabilité d'être drôle. Ils ne le sont pas. Conclusion : on a un problème.
Joel, le propriétaire d'une usine d'extraction d'arômes, envisage de vendre son entreprise. Mais la vente ne pourra être réglée tant qu'une poursuite, intentée par un employé victime d'un accident de travail, ne sera pas réglée. Par-dessus tout, Joel s'entiche d'une nouvelle employée, Cindy, une cleptomane endurcie venue afin d'avoir sa part du magot. Suivant les (mauvais) conseils de son ami toxicomane Dean, il engage un gigolo bête comme ses pieds afin de coucher avec sa femme et d'avoir le champ libre afin de lui-même la tromper avec Cindy, tandis que son voisin d'en face ne cesse de les harceler pour qu'ils assistent à un dîner de charité.
Les caméos incongrus de David Koechner, Ben Affleck et Gene Simmons semblent par-dessus tout forcés et n'appuie jamais la construction d'un récit cohérent et sérieux. La preuve étant qu'on les élimine tous de manière fort cavalière - et bien maladroitement la plupart du temps - lorsqu'ils ne sont plus utiles au récit, qui s'en trouve diminué. Le tout se termine d'ailleurs de manière précipitée (et de ce fait bien peu convaincante) en plus d'être affreusement racoleur et rassurant.
À chaque fois que le film installe une situation intéressante, c'est-à-dire propice à l'humour, elle le gaspille avec une maladresse rarement drôle. Essence doit bien avoir deux ou trois bonnes idées, mais, sans acteurs spécialement talentueux ou propos d'actualité, cela ne suffit tout simplement pas.
Pas que Jason Bateman, acteur fort polyvalent au demeurant, soit mauvais, mais il ne s'extirpe pas particulièrement du lot, entouré d'acteurs limités qui font un travail... limité. Est-ce le sens du punch ou le punch lui-même qui fait défaut? On ne le saura jamais et de toute façon le résultat est le même : on rit peu, ou pas du tout, dans Essence. Mila Kunis, indécemment ravissante, s'acquitte de sa tâche du mieux qu'elle peut avec un personnage assez peu intéressant et tous les acteurs secondaires, jetables, sont corrects, sans plus.
Le commentaire social, assez anecdotique lui aussi, ne vient certainement pas sauver la mise d'autant qu'il devient un peu répétitif, surtout en 2009. Voilà peut-être le problème : Essence est un film suranné, dont les ingrédients ont depuis belle lurette perdu leur fraîcheur, et dont les thèmes, évocateurs il y a dix ans peut-être, ne suffisent plus.