Si Spies in Disguise n'a pas le pouvoir de charmer tous les publics comme d'autres productions d'animation du studio Blue Sky avant lui, il atteint sa cible - les garçons préadolescents adeptes de jeux vidéos - avec beaucoup d'acuité. Les personnages colorés avec leurs grands yeux globuleux et leur attitude empotée ont de quoi séduire ces jeunes fans de sensations fortes. L'humour physique et cabotin saura aussi les appâter rapidement. Les plus vieux auront de quoi se mettre sous la dent grâce à quelques références à la culture pop, saupoudrées ici et là, mais ce ne sera pas suffisant pour qu'ils n'oublient pas l'agent secret Lance Sterling dès les portes du cinéma traversées.
L'histoire de ce nouveau film d'animation est celle de Walter, un jeune scientifique brillant qui invente une mixture capable de transformer un être humain en pigeon. On ne peut pas dire que celle-ci est banale, mais, malgré son originalité indéniable, elle n'est pas aussi épatante qu'on l'aurait espéré. Même si on explore un sujet quasi inédit, il y a quand même un bassin de blagues assez limité qu'on peut faire sur un super-espion narcissique transformé en pigeon. L'humour tourne donc souvent en rond. Heureusement, les inventions atypiques et sans-violences de Walter (câlins gonflables, grenade à brillants, etc.) viennent pimenter la trame comique.
D'ailleurs, cette valeur pacifiste du protagoniste est très intéressante. « Quand on combat le feu par le feu, tout le monde brûle », dira-t-il à l'agent secret qui veut utiliser des armes à feu et des engins explosifs à tout prix. Le long métrage transmet aussi d'autres valeurs tout aussi essentielles, comme l'entraide, l'importance de la différence, l'acceptation et la confiance en soi. On doit aussi souligner la qualité du visuel. En ce sens, Blue Sky Studio déçoit rarement et, cette fois-ci, il s'est dépassé. Spies in Disguise nous transporte d'un hôtel ultra luxueux à Playa del Carmen sur la Riviera Maya jusque dans un laboratoire secret en pleine mer du nord en passant par la Place Saint-Marc à Venise (un incontournable quand on parle de pigeons). Les paysages sont magnifiques et tellement réalistes dans les détails qu'on finit par oublier qu'il s'agit d'animation.
Le nouveau film des studios Blue Sky ne révolutionnera rien du tout, mais les réalisateurs Troy Quane et Nick Bruno, qui en sont à leur premier long métrage, n'ont par contre pas à rougir de leur performance. Cet espion dans un corps de pigeon saura amuser ceux qu'il voulait amuser. Pour les autres, il faudra attendre une autre histoire, peut-être un peu moins spécifique, pour être convaincus.