La franchise Spy Kids a su toucher de nombreux jeunes à travers le monde au début des années 2000. Le concept d'enfants-espions, qui agissent différemment des véritables agents parce qu'ils ont toujours cette naïveté et cet esprit instinctif que les adultes ont perdu en vieillissant, reste une perception ingénieuse de l'âge juvénile ainsi qu'une idée riche et facilement modelable. Par contre, après trois opus différents sur le sujet, les possibilités s'épuisent et les mêmes situations reviennent inévitablement. Par contre, de réintégrer les deux premiers espions en herbe, Carmen et Juni Cortez, maintenant majeurs et professionnels, permet aux fans de s'attacher rapidement à l'histoire même si les personnages principaux ne sont plus ceux qu'ils ont connus. Ces deux nouveaux jeunes espions, incarnés par Mason Cook et Rowan Blanchard, ressemblent en revanche énormément aux précédents. En voulant rester dans un territoire connu, on empêche le récit d'évoluer et d'atteindre de nouveaux sommets. En insufflant des personnalités divergentes aux héros, on aurait peut-être permis à l'histoire de se réinventer, tout en restant passionnante pour les bambins.
Comme les effets spéciaux de Spy Kids n'ont jamais été d'une très grande performance technique, nous pouvons excuser la surutilisation de l'écran vert et les quelques manquements visuels qui nous donne parfois l'impression d'un décor en carton. Il faut tout de même admettre que plusieurs d'entre eux sont mieux maîtrisés que dans les opus précédents et apportent quelque chose à l'histoire.
Robert Rodriguez connaît définitivement l'esprit de l'enfant (le fait qu'il en ait cinq doit l'aider). Même si l'adulte trouve complètement aberrant cet Aroma-scope, cette « quatrième dimension », que le réalisateur a décidé d'ajouter à son film pour le rendre plus vivant, plus interactif, les bambins sont, de leur côté, enchantés de pouvoir gratter et sentir la petite carte multicolore lorsque l'écran l'indique. Par contre, une bonne idée (et encore là, « bonne » est peut-être un peu fort, le « scratch and sniff » existe depuis bien longtemps, Rodriguez n'a rien inventé ou même perfectionné) ne signifie par nécessairement un résultat efficace. Ce feuillet que l'on nous remet à l'entrée souffre de limites très évidentes; toutes les capsules sentent approximativement la même chose et les chiffres sont si rapprochés que dans l'obscurité, nous ne sommes pas convaincus de gratter le bon numéro. Une tentative louable, mais un produit final aisément critiquable.
L'aspect comique de l'oeuvre est tout aussi répréhensible. Même si nous sommes conscients en tant qu'adules que les blagues de « pipi, caca, pet » amusent fortement les enfants, est-on vraiment obligé de meubler - presque exclusivement - une oeuvre telle que Spy Kids avec ce genre de plaisanteries faciles et idiotes? Lorsque la protagoniste lance fièrement : « Ne sous-estimez jamais le vomi », on sait que nous sommes loin des jeux d'esprit et de l'humour fin. Évidemment, si elles étaient présentes en faible quantité, on aurait pu les excuser - après tout c'est ce qui fait rire les petits - mais, lorsque l'on graisse le récit de bombes de couches pleines, de patinoire d'huile de pipi et grenades de postérieur, on peut difficilement pardonner l'abrutissement qu'ils représentent. Heureusement que le chien-robot lance parfois quelques répliques rigolotes et non déplacées pour agrémenter cet assemblage de mauvais goût, parce qu'en sortant d'une représentation de Spy Kids, le parent se demande inévitablement : mais où s'en va la jeunesse?