Eragon offre plusieurs garanties. Il y aura de l'action, il y aura un jeune héros naïf, un vieux maître au passé trouble, plusieurs incohérences et c'est frustration garantie pour les quelques deux millions de lecteurs du roman de Christopher Paolini. Ou argent remis?
Dans la lignée des adaptations de best-seller de la littérature-jeunesse, Eragon vient tenter de se tailler une place près des Harry Potter, Chroniques de Narnia - et même Seigneur des anneaux - de ce monde. Une mission bien trop importante pour de si jeunes épaules (comme nous tue et se suicide le film à nous le répéter) qui devient vite fait une chronique simpliste d'une histoire aux prétentions pourtant grandioses et qui aurait certainement mérité un meilleur traitement.
En Alagaësia, le jeune Eragon, fermier sur la terre de son oncle, trouve un caillou mystérieux alors qu'il chasse dans la forêt. À sa grande surprise cependant, il ne s'agit pas d'un caillou mais bien d'un oeuf, qui contient le dernier dragon vivant et qui a choisit Eragon pour être son dragonnier. Tous les deux devront apprendre à développer une vraie complicité pour affronter le méchant roi Galbatorix et son servitreur, Durza. Heureusement que Brom, un vieux fou du village, connaît bien les dragons...
Outre l'efficacité des effets-spéciaux (le dragon Safira est d'une étonnante fluidité), les qualités du film de Stefan Fangmeier se décrivent en quelques mots : action et divertissement juvénile. L'efficacité par la simplicité. Une bonne partie de l'aventure n'est pas si accablante tandis qu'on y est, c'est après qu'on s'aperçoit de l'insipidité de la trame narrative, accablée il est vrai pas un manque de cohésion. Mais que faut-il apprendre, bon sang, pour qu'il ne soit plus « trop tôt »?
Eragon n'a rien de nouveau à offrir au genre du « héros adolescent ». D'autant qu'ici, tout est précipité. Les contours de l'histoire demeurent continuellement flous, la source des ces pouvoirs magiques ou la provenance de ces dragons surpuissants ne s'éclairciront jamais. Et on ne comprendra pas non plus les motivations du personnage principal, qui prend franchement des décisions d'une bêtise désarmante. Des centaines de pages oubliées dans le livre du jeune auteur Christopher Paolini (qui avait 15 ans lorsqu'il a écrit son livre, premier d'une trilogie). Bien sûr, c'est un mal fréquent aux adaptations, mais ici, c'est le déroulement même du film qui en souffre parce qu'on omet d'expliquer et que toutes les décisions qui font avancer le récit semblent précipitées.
Ce qui n'enlève rien aux scènes d'action, trépidantes sans être trop graphiques, parfaites pour les jeunes. Tout à fait dans le ton du film.
Rien pour sauver la mise, les interprétations tombent en grand majorité dans la superficialité, même de la part de vétérans comme Jeremy Irons, qui incarne un ancien dragonnier incapable de dire autre chose que des leçons de vies. Robert Carlyle et John Malkovich donnent tous les deux dans la grandiloquence et forcent l'indifférence. Le jeune Ed Speelers, en Eragon, semble chercher desespérément des indications. Un choix purement esthétique.
Au final, Eragon est frustrant. Parce que le monde fantastique d'Alagaësia ne manque pas d'intérêt, du moins sur papier. En image, il tombera rapidement dans l'oubli, d'autant qu'on ne sera pas surpris de voir apparaître prochainement une suite qui passera sans doute inarperçue.
Eragon offre plusieurs garanties. Il y aura de l'action, il y aura un jeune héros naïf, un vieux maître au passé trouble, plusieurs incohérences et c'est frustration garantie pour les quelques deux millions de lecteurs du roman.
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