J'ai écouté religieusement les huit saisons d'Entourage, je suis donc exactement la personne à qui s'adressait ce film inspiré de cette série de HBO qui dévoilait les coulisses du monde du cinéma (en l'enjolivant certainement parfois et en exagérant certains de ses travers les plus pervers). Les fans de la série seront probablement comblés, comme je l'ai été, de retrouver les personnages de Vinny, E, Drama, Turtle et Ari. Cette mouture cinématographique est certainement dans l'esprit de la version originale; décadente, vulgaire, drôle et une caricature plutôt crédible de la célébrité et de l'ostentation d'Hollywood.
Mais, après ce réconfort de retrouver des protagonistes que l'on a chéris au petit écran pendant huit longues années, le spectateur averti n'y retirera rien de bien nouveau. Le film Entourage s'avère - heureusement ou malheureusement, tout dépend du point de vue qu'on décide d'emprunter - un long épisode de deux heures. Les admirateurs de la première heure sauront apprécier les monologues colériques d'Ari et ses métaphores homophobes dégradantes, ils seront également heureux de revoir le reste de la bande, toujours aussi soudée, partager des histoires extravagantes autour d'un verre et en compagnie de vedettes du petit et du grand écran. Mais ceux qui n'ont jamais vu un seul épisode d'Entourage... sauront-ils apprécier les aventures de cet acteur et de sa bande?
On pense à eux, évidemment, ceux qui n'ont jamais fleureté avec l'univers de Vinny et qui aimeraient tout de même voir le film. Au tout début du film, on rencontre les quatre protagonistes alors qu'ils écoutent une émission qui s'avère être un portrait télévisé de l'acteur Vincent Chase à Piers Morgan. Pendant celle-ci, l'animateur présente chacun des individus qui forment sa troupe. Pour les amateurs, ce segment paraît faux et emprunté, mais il était nécessaire de faire une certaine récapitulation pour les néophytes. Peut-être que la manière n'était pas bien choisie. L'entrevue télévisée n'est définitivement pas la façon la plus originale de résumer les huit ans d'une série sur le cinéma, mais bon, on s'imagine justement que récapituler huit ans était probablement une tâche colossale et que la technique classique s'est avérée le meilleur choix...
Doug Ellin a su adapter son Entourage à de nouvelles réalités. De plus en plus d'acteurs passent derrière la caméra, il était donc naturel que le personnage de Vincent Chase décide de réaliser un film en plus d'y jouer le personnage principal. Le film traite également d'un chapitre de la production de films assez inconnus du public; soit le financement. Il est intéressant de voir le haut gradé du studio se rendre jusqu'au Texas pour convaincre des investisseurs de conférer encore davantage d'argent à une production qui a déjà dépassé les 100 millions $. Ce sont des réalités auxquelles les spectateurs ont rarement l'occasion d'être confrontés et ce sont certainement des situations riches en potentiel comique.
Ceux qui ont suivi la série Entourage savaient que le film mettrait en scène beaucoup de filles aux seins nus, beaucoup d'alcool, de drogues, de sexe, de voitures de luxe et d'autres excès. Le film comprend également des caméos délicieux, comme on s'y attendait, et une trame sonore euphorisante, de concert avec la légèreté du propos. En fait, le film Entourage est un peu comme une bonne chanson pop qui tourne en boucle dans les radios; elle nous fait sourire, nous rend momentanément heureux, mais ne saura certainement pas traverser les âges. Après un passage dans notre mémoire à court terme, on la délaisse pour une autre ballade semblable.