Lorsqu'on parle d'une expérience cinématographique différente, on se réfère rarement à ces films d'action traditionnels au dénouement prévisible et à l'intrigue anonyme, on pense plutôt à des productions audacieuses telles qu'Enterré, qui nous coupe le souffle avant même le premier mot prononcé (qui sont assez peu nombreux, il s'agit quand même d'un homme seul dans un cercueil pendant 96 minutes). La panique qui anime ce camionneur américain enterré vivant quelque part en Irak est palpable et facilement transposable. Comment réagiriez-vous si vous vous réveilliez dans une boîte en bois sous des tonnes de sable? L'affolement et l'effroi ne sont que raisonnables et légitimes.
Paul Conroy, chauffeur de camion en Irak pour une compagnie américaine, se réveille enfermé dans un cercueil sous plusieurs mètres de sable. Paniqué, il tente de trouver un moyen de se libérer lorsqu'un téléphone cellulaire sonne à ses pieds. Un criminel, à l'autre bout du fil, lui exige cinq millions de dollars pour sa vie. Bien conscient qu'il ne pourra assembler cette somme, il tente tout de même le coup en communicant avec les autorités capables de lui fournir de l'aide. Malheureusement, il réalise bien vite que pour l'armée son existence n'est que dérisoire et que ses chances d'un jour revoir sa femme et son fils diminuent considérablement plus les heures s'écoulent.
Tout le film se déroule dans cet endroit clos et terrifiant qu'est le cercueil. Jamais, même furtivement, on ne sort de ce lieu confiné qui nous donne rapidement une impression de suffocation, une étrange anxiété. Le récit aurait pu, malgré son propos incommodant, devenir ennuyant et attendu, mais grâce aux problématiques qu'il soulève et aux questionnements moraux qui y sont associés - la vie d'un seul citoyen mérite-t-elle un acharnement des autorités? la peur que l'histoire de ce dernier soit dévoilée par les médias est-elle plus important que sa vie? -, il s'avère davantage un suspense enivrant qu'un drame languissant.
Pour maintenir l'intérêt du public, le réalisateur a trouvé plusieurs moyens ingénieux pour jouer avec l'image, pour la rendre vivante. Par exemple, le protagoniste possède différentes sources de lumière (une lampe de poche, un cellulaire, un briquet) qui permettent à l'image de changer de couleur et de forme, de dévoiler différents éléments du décor (tout de même plus que simpliste).
Malgré l'intérêt particulier de la trame narrative et des efforts considérables que Rodrigo Cortés a habilement déployés pour rendre cette histoire captivante, l'oeuvre souffre tout de même d'un manque, d'une insuffisance actancielle. L'histoire aurait probablement été davantage efficace si elle avait fait l'objet d'un court métrage - il est plus aisé d'entretenir l'impression de panique pendant une vingtaine de minutes que durant plus de quatre-vingt-dix. Reste tout de même que la performance de Ryan Reynolds est renversante, du début alarmant à la fin bouleversante.
Enterré ne s'adresse pas à tous les publics, c'est une oeuvre originale, mais invariablement marginale qui pourrait déranger ou simplement assommer certains spectateurs habitués aux scènes d'action dynamiques que nous servent abondamment les Américains. Mais si vous cherchez une expérience de cinéma inhabituelle et poignante, ce film espagnol vous satisfera très certainement.
Le récit aurait pu, malgré son propos incommodant, devenir ennuyant et attendu, mais grâce aux problématiques qu'il soulève et aux questionnements moraux qui y sont associés, il s'avère davantage un suspense enivrant qu'un drame languissant.
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