******** Le film Énorme est présenté dans les salles encore ouvertes de la province. **********
Comme beaucoup de salles sont présentement fermées au Québec en raison des nouvelles mesures du gouvernement, le film français Énorme s'avère l'une des rares nouveautés de la semaine. Malheureusement, on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'une compensation satisfaisante pour les cinéphiles en manque de primeurs, bien au contraire.
La comédie de Sophie Letourneur ne trouve jamais le bon ton. Est-ce une satire, une comédie noire, une comédie de situation ou un genre de drame politique et social caricatural décalé? Jamais on ne trouve la réponse à cette question. Le long métrage raconte l'histoire d'une pianiste de renommée internationale et de son mari, qui s'occupe d'elle à l'excès. Il parle à sa place dans toutes situations et prend toutes les décisions en ce qui a trait à sa carrière, souvent sans lui demander son avis. Elle paraît, par contre, tout à fait à l'aise avec cette répartition inégale des tâches. Un jour, ce dernier décide d'avoir un enfant avec elle, sans lui dire. Il lui donne donc des bonbons au lieu de ses pilules contraceptives. Il faut quatre mois à la future maman avant de comprendre qu'elle est enceinte.
On ne s'attache ni à la protagoniste, Claire, exagérément naïve, ni à son mari, Frédéric, qui va jusqu'à se faire croire qu'il est celui qui porte l'enfant. Ces deux personnages aux limites de l'absurde nous désolent bien plus qu'ils nous charment. Il y a quelque chose d'audacieux dans cette proposition, loin du prévisible, qui aurait pu être intéressant à un certain niveau, mais on dirait qu'il nous manque des clés pour apprécier la démarche de la réalisatrice. On ne comprend pas non plus ce choix de format d'image carrée qui n'apporte absolument rien à l'ensemble, sinon qu'à désarçonner une fois de plus le spectateur.
On doit quand même souligner que Marina Foïs et Jonathan Cohen manoeuvrent bien dans cet univers burlesque. Les deux acteurs livrent des performances aussi déphasées que leurs personnages. La mise en scène de la réalisatrice, misant sur le champ/contrechamp, s'avère déconcertante.
Énorme est loin du cliché, ça il n'y a pas de doutes, mais elle est aussi, du même coup, très loin d'un cinéma accessible. Peut-être que certains chanceux pourront décoder et ainsi apprécier l'oeuvre de Letourneur, mais le commun des mortels sera trop décontenancé pour assimiler la réflexion sur les rôles de l'homme et de la femme au sein d'un couple que tente de lancer la cinéaste française. Énorme, c'est juste « trop toute ».