Il y avait longtemps que je n'avais pas eu une envie aussi prenante de sortir d'une salle de cinéma avant la fin d'une projection. La seule chose qui me forçait à rester assise bien sagement et à souffrir volontairement ce Abduction (au-delà de mes obligations professionnelles) était le ridicule de certaines situations et la puérilité des différents dialogues qui, je dois l'avouer, m'amusaient autant qu'ils m'exaspéraient.
D'entendre un père déclarer à son fils : « Tu veux boire comme un homme, voyons si tu peux te battre comme un homme », ou, encore pire, « Je suis ton père, mais je ne serai jamais ton papa » est aussi délicieux à l'oreille qu'il y paraît. Et pour ceux qui en douteraient; il n'y a assurément pas que le doublage qui est en cause dans l'abrutissement d'un tel scénario, parce que ce ne sont pas que les textes qui sont bêtes et dégradants; la structure du récit et ses nombreuses coïncidences explicatives nous font nous questionner fréquemment sur la santé mentale des auteurs. Personne n'a pensé réagir, commenter l'illogisme de la scène lorsque cette dernière présente des agents de la CIA qui ferment les yeux dans l'espoir que les criminels les croient morts? Il n'y a pas un assistant-réalisateur, un technicien de plateau quelque part, qui a cru bon intervenir en informant les personnes concernées que si une maison explose, la moto qui se trouve dans le garage n'y échappe pas miraculeusement et qu'un bouquet de ballons ne peut pas cacher trois adultes avec autant de rigueur?
Si les séquences d'action avaient été filmées avec un minimum d'originalité, de style, on aurait peut-être (et là, je suis généreuse) évité le naufrage et la honte qui accompagne un tel film, mais elles sont si prévisibles, si convenues, que la production ne mérite aucunement notre indulgence. Un film d'action aussi mélodramatique, nous n'en voyons pas souvent, et il y a des raisons pour cela. Les évènements, même les plus tragiques, nous sont exposés avec tellement de détachement et de maladresse que le spectateur est complètement apathique face à ces derniers; même la mort des parents nous est égale.
Taylor Lautner est, bien évidemment, la raison pour laquelle ce projet s'est concrétisé; si la production n'avait pas la star de Twilight en tête d'affiche, elle n'aurait jamais trouvé de distributeur assez mal-en-point pour l'endosser ou même passer les étapes de financement sans qu'on lui rie au visage, mais malheureusement, le petit homme aux abdos d'acier a maintenant du pouvoir à Hollywood, et ce n'est pas à cause de son talent d'acteur. Lorsqu'il pleure ou doit jouer la tristesse, la mélancolie, on ne peut s'empêcher de se moquer, tant son interprétation nous semble fausse. Lily Collins, qui a charmé l'industrie lors de son apparition dans The Blind Side, ne nous démontre pas ici ses talents d'interprète. Tout ce qu'on retient de cette jeune comédienne - pourtant prometteuse - ce sont ses immenses sourcils.
Je crois qu'il est assez évident que je n'ai pas aimé Abduction (certains en doutaient-ils encore?), mais avant que je reçoive des lettres de menaces de fillettes de quatorze ans qui se plaindront de mon manque d'ouverture ou de mon incapacité à apprécier l'étendue du talent de Lautner, sachez qu'il ne vous est pas interdit d'apprécier un film parce que vous trouvez le gars « sexe », seulement, d'un point de vue rationnel, logique et censé, ce film est (très) mauvais et on ne peut échapper à cette dure mais nécessaire vérité.
La seule chose qui me forçait à rester assise bien sagement et à souffrir volontairement ce Abduction (au-delà de mes obligations professionnelles) était le ridicule de certaines situations et la puérilité des différents dialogues qui, je dois l'avouer, m'amusaient autant qu'ils m'exaspéraient.
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