Cinquième essai du réalisateur Gavin O'Connor, En toute loyauté s'annonçait comme un autre de ces déjà vu cinéphiliques. Et, effectivement, sans trop de surprises, le film d'O'Connor est une énième variation sur un thème archétypal au possible. L'archiconvenu n'a jamais été et ne sera jamais payant cinématographiquement parlant, de grâce, qu'on se le tienne pour dit!
Ray Tierney (Edward Norton) est chargé par son père, Francis Sr. (John Voigt), d'enquêter sur le meurtre de quatre collègues policiers, morts dans une embuscade tendue par une bande de « pushers ». Son enquête découvrira peu à peu les côtés scabreux de cette affaire hautement improbable dans laquelle Francis Jr. (l'excellent Noah Emmerich), son frère, et Jimmy (Colin Farrell), son beau-frère, sont directement impliqués. Ce dernier, corrompu jusqu'à l'os, fera tout pour faire respecter la loi du silence, sentence ultime du devoir de loyauté familial et professionnel...
Le nouveau film de Gavin O'Connor - qui a également réalisé le film Miracle, en 2004 - n'arrive jamais à se démarquer favorablement des autres productions du même type que celle dans laquelle s'inscrit En toute loyauté. Ses explorations au niveau de la caméra sont purement désastreuses : si la majorité des plans du film passeraient inaperçu à MTV ou à Musique Plus, l'écran de cinéma se charge de remettre à sa place cette forme esthétique singulière. La technique du rack focus (changement de focus dans le plan) était déjà passée de mode lors de son invention; un peu de retenu dans son utilisation - et nous entendons par là un rack focus par plan maximum! - n'aurait certainement pas été de trop!
D'autres explorations sont cependant plus réussies - moins ratées, disons -, notamment celles conduites au niveau du son. La surexploitation des chevauchements sonores devient toutefois agaçante, preuve supplémentaire d'un manque de maîtrise au niveau de la réalisation. Ce n'est pas dramatique, mais le tout devient maniéré à force d'être ainsi maladroitement exploité.
On pourra certes regretter de façon plus amère encore les choix scénaristiques faits par O'Connor (faute partagée avec Joe Carnahan - Smokin'Aces et Narc). Si l'on conçoit aisément qu'un film d'action enchaîne les séquences d'actions, ce qui semble tout de même pertinent et cohérent d'un premier abord, En toute loyauté enchaîne plutôt les confrontations rhétoriques sur le bien et le mal, la loyauté, les valeurs familiales, etc., entre les différents membres de la famille Tierney. Ces confrontations auraient pu être intéressantes, mais elles sont beaucoup trop didactiques - et nombreuses, et gauchement enchaînées - pour insuffler une véritable montée dramatique au récit.
En toute loyauté est, dans l'ensemble, un film insatisfaisant. Trop de parasites liés aux maladresses de réalisations viennent brouiller le rendu. Cela dit, et puisqu'il s'agit généralement d'une considération universelle à tous les films ratés, on se contentera d'affirmer ce qui est : En toute loyauté est un film de genre plutôt moyen, qui se fait dramatiquement englober par un corpus pourtant bien humble, banal, ordinaire, anodin...
En toute loyauté s'annonçait comme un autre de ces déjà vu cinéphiliques. Et, effectivement, sans trop de surprises, le film d'O'Connor est une énième variation sur un thème archétypal au possible.
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