On ne compte plus les films de survie qui sont inspirés d'histoires vraies. Il y en a toujours une dizaine qui prend l'affiche chaque année. Adrift prend le pari d'être le plus sirupeux du lot.
L'oeuvre ne commence pourtant pas si mal. Une jeune femme (Shailene Woodley) se réveille dans un bateau qui a survécu de peine et de misère à une terrible tempête. Elle est incapable de sortir de sa cabine, ce qui amène un intéressant faux plan-séquence à la Gravity où le suspense est dans le tapis.
La tension disparaît une fois qu'elle sort à l'air libre. Seule au beau milieu de l'océan Pacifique, l'héroïne retrouve son amoureux sérieusement blessé (Sam Clafin) et tente de retourner à bon port en repensant aux jours heureux.
Le long métrage sera ainsi entièrement composé d'allers-retours dans le temps. Le présent tout de gris est parsemé d'obstacles du quotidien (la nature instable, les vivres viennent à manquer), bien pâles à côté de ceux de All is Lost et Kon-Tiki. Évidemment, affronter cette solitude ambiante semble trop demandé et à la moindre occasion, le scénario imite celui de 127 Hours en se replongeant dans le passé.
Cette longue section, assez indigeste, présente les personnages stéréotypés et les enjeux limités en martelant toujours le même clou : la vie vaut la peine d'être vécue et il faut rester vivant. Un leitmotiv qui remplace toute la psychologie en place, renforcé par des paysages paradisiaques et une bluette soporifique qui fait lever les yeux au ciel à chaque réplique.
Ce serait déjà moins mieux si le duo en place fonctionnait. Mais personne ne demandera à Shailene Woodley et à Sam Clafin de se commettre dans un remake de Titanic. La première, généralement très à l'aise, en fait beaucoup trop. Elle porte également le chapeau de productrice, ce qui peut expliquer pourquoi on la voit toujours en gros plan, usée par les jours au gros soleil, en train de souffrir pour obtenir un Oscar. Le second, omniprésent au cinéma même si on ne se rappelle jamais de son nom, s'en remet à son charisme qui est loin d'être infaillible.
Lorsque survient ainsi cette finale attendue qui explique toutes les invraisemblances, le spectateur ne sera pas touché par la tenue des événements, parce que le couple en place n'a jamais pu réellement exister à ses yeux. Au contraire, il finira par hurler de rire devant cette révélation risible qui aurait pu fonctionner dans d'autres occasions.
Faisant fi d'un script mou de David Branson Smith (Ingrid Goes West) et des jumeaux Aaron et Jordan Kandell (Moana) qui ressasse tous les lieux communs, la réalisation de Baltasar Kormakur assure au quart de tour. Ce grand spécialiste du film de survie (Everest, The Deep) possède ce talent inné pour le plan à couper le souffle et la rétine sera interpellée, à défaut du coeur ou du cerveau. La prochaine fois, on lui demandera d'écrire le récit, car il s'y connaît bien en romance, comme en fait foi son bien-aimé 101 Reykyavik.
Au lieu de son titre québécois En pleine tempête, Adrift aurait dû être affublé de son titre français, À la dérive, qui le résume beaucoup mieux tant cet objet cinématographique part constamment... à la dérive.