Maladroit mais honnête - ou faudrait-il dire honnête mais maladroit? -, En plein coeur est ce qu'on pourrait appeler une surprise, tout simplement parce que les films autofinancés ont rarement très bonne réputation. Scénarios inachevés, acteurs non-professionnels, technique déficiente et amour du cinéma qui va jusqu'à nuire au film : des scènes inutiles sont laissées là à cause d'une sympathie déplacée d'un réalisateur pour son film. Stéphane Géhami évite la plupart de ces problèmes, mais pas tous. Son film mérite pourtant qu'on l'examine attentivement.
À 34 ans, Benoît vole des voitures en compagnie du jeune Jimmi, un adolescent de 14 ans qui le considère comme un père de remplacement. Après un vol raté, Benoît fait la rencontre de Sylvie et amorce avec elle une relation passionnée. Incapable d'oublier son ex, Anne Marie, il cherche à trouver l'équilibre dans sa vie entre les amours, les responsabilités et les vols.
S'il est parfois techniquement en retard, En plein coeur paraît moins simpliste, moins forcé que certains de ses contemporains financés, en particulier dans cette relation père-fils improvisée entre les deux personnages principaux. Là où un scénario formaté pour les institutions et pour le grand public montrerait ostensiblement des signes de leur complicité - comme c'est enseigné dans les écoles - En plein coeur suppose que le spectateur comprend cette relation inévitable qui est au centre du film. Et ça marche. Pourquoi pas, d'ailleurs?
L'utilisation de la caméra est certainement la plus regrettable maladresse du film; des zooms incohérents et inélégants gâchent deux ou trois scènes en faisant fuir l'émotion qui rôdait et qui s'installait tranquillement. Parce qu'il s'agit de se laisser convaincre, quand on nous propose l'histoire assez stéréotypée d'un amour d'un petit bum pour sa mère et de la quête d'une figure paternelle. En y parvenant presque, Géhami prouve qu'il n'est pas un imposteur et qu'il est digne de sa distribution en salles et de faire partie du paysage cinématographique québécois.
Les comédiens sont généralement plus crédibles que dans bien d'autres productions auto-financées; s'ils n'évitent pas complètement le maniérisme (le syndrome des « yeux au ciel »), ils défendent avec une complète conviction des personnages plausibles. Pierre Rivard, dans le rôle de Benoît, se démène tandis que le jeune Keven Noël semble être le moins convaincu du lot. Julie Deslauriers, la plus naturelle du groupe, et Bénédicte Décary, dans le rôle d'Anne Marie, se défendent efficacement.
Lorsque le film s'intéresse aux amours désarçonnées de Benoît, il le fait avec le même ton rêche qu'il utilise lorsqu'il aborde la pauvreté des quartiers malfamés qu'on devine à travers les errances des personnages. Et même les nombreuses scènes sexuelles sont filmées avec cette brutalité, cet abandon généralisé à l'émotion qui fait d'En plein coeur un film ressenti qui n'est pas sans défauts mais qui n'est certainement pas sans promesses non plus.
Maladroit mais honnête – ou faudrait-il dire honnête mais maladroit? -, En plein coeur est ce qu'on pourrait appeler une surprise, tout simplement parce que les films autofinancés ont rarement très bonne réputation. Scénarios inachevés, acteurs non-professionnels, technique déficiente et amour du cinéma qui va jusqu'à nuire au film : des scènes inutiles sont laissées là à cause d'une sympathie déplacée d'un réalisateur pour son film. Stéphane Géhami évite la plupart de ces problèmes, mais pas tous. Son film mérite pourtant qu'on l'examine attentivement.