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Jeu de cartes (bancaires).
De prime abord et de prime abord seulement, « Emily the criminal » ressemble à une petite série B prenant la forme d’un polar, interchangeable et comme on en voit tant, ou, à l’inverse, à un petit film indépendant tout aussi anodin et quelconque comme il y en a également tant aussi actuellement, notamment depuis l’avènement des plateformes de streaming. Sauf qu’il est bien plus que ça et qu’il s’extirpe de ces deux cases peu recommandables et pas vraiment dignes d’intérêt pour offrir le meilleur des deux. Le fim extrait aussi bien toutes les qualités du cinéma indépendant américain novateur que du film de divertissement bis qui dépote. Et ainsi de devenir un thriller captivant au possible, au scénario méticuleux et bien écrit et dont le personnage principal est un moteur probant de l’action, aussi bien sur le versant musclé que sur celui plus psychologique. Un très beau personnage de femme forte, réaliste et crédible, très loin des action women à la mode depuis quelques années et que l’on nous présente comme des femmes presque invincibles, de « Atomic Blonde » à « Black Widow » pour ne prendre que les plus impressionnantes.
Ici, Emily est une personne comme vous et moi. Une personne que l’on pourrait réellement croiser dans la rue ou rencontrer à une soirée. Elle galère à joindre les deux bouts, elle passe de petit boulot en petit boulot malgré sa passion pour le dessin et son diplôme de graphiste et doit compiler avec une famille inexistante, une colocation forcée et un casier judiciaire pour un délit mineur qui lui ferme beaucoup de portes. Un personnage profondément ancré dans le réel qu’Aubrey Plaza, totalement en phase avec le rôle, empoigne corps et âme. Elle porte littéralement le film sur ses épaules et sa hargne et sa ténacité sont impressionnantes, rendant Emily forte et imprévisible. Le duo qu’elle va former avec Théo Rossi, une découverte, est évident et plein de complicité. A eux deux, ils sont le cœur de « Emily the criminal » et on suit leur histoire d’arnaque à la carte bleue avec passion car on croit en leurs personnages. D’ailleurs, le long-métrage se monte sur une arnaque peu commune et toute bête qui va être le moteur d’une intrigue a priori banale mais hautement addictive dans la manière dont elle est traitée.
Il faut tout de même préciser que c’est un premier film. Premier essai et coup de maître donc pour John Patton Ford. Il filme son héroïne avec attention et ne la lâche pas d’une semelle, la collant aux basques jusque dans des scènes de violence imprévisibles et bien amenées. Tout est plus que crédible et chacun des déboires vécus par Emily est l’équivalent d’une séquence d’action spectaculaire dans un blockbuster sauf qu’ici, elle l’est tout autant en étant vraie et sans aucun effet spécial ou exagération pour rendre tout cela plus incroyable. Tout ce que vit le personnage, dans ce qu’elle dit comme ce qu’elle entreprend, on se dit que l’on réagirait comme elle. Le script est donc impeccablement écrit, des dialogues aux situations, et on ne voit pas le temps passer. « Emily the criminal » a, en plus, le bon goût d’égratigner le monde du travail et ses aberrations en plus de se terminer de manière complètement inédite et pas forcément très morale. Comme dans la vraie vie quoi. Bref, une petite bombe qui ne paye pas de mine à première vue mais que l’on vous conseille à 100%.
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