L'oeuvre précédente du réalisateur Neill Blomkamp, District 9, avait marqué les mémoires lors de sa sortie en 2009. Le long métrage de science-fiction avait un écho politique et social puissant, mais se perdait dans de graves incohérences logiques et narratives, en plus de mal maîtriser la caméra diégétique (c'est-à-dire une caméra qui fait partie de l'histoire). Elysium a le même le type d'écho politique et social; son histoire se déroule en 2154, alors que les humains les plus fortunés vivent maintenant sur une station spatiale en orbite autour de la Terre et que les pauvres sont entassés dans des bidonvilles partout sur la planète. Contrairement à District 9 cependant, Elysium tire pleinement profit de ses prémisses engagées.
Elysium propose de nombreux revirements de situation inédits qui permettent de dynamiser le récit, malgré quelques lieux communs attendus. La finale est satisfaisante et le héros, incarné par un Matt Damon en pleine forme, est porteur et puissant. C'est ainsi que le film parvient à maintenir un sous-texte prenant, soulignant - parfois à gros traits, il est vrai - des inégalités sociales qui existent déjà aujourd'hui, mais qui sont simplement mieux cachées que si les riches vivaient dans un resort de luxe dans l'espace (ils iront, ne vous inquiétez pas).
Le résultat est donc particulièrement prenant, malgré quelques longueurs au cours de la deuxième moitié du film. Se sentant peut-être obligé de bien définir les enjeux et porté naturellement vers une vision manichéenne, le réalisateur s'assure que tout est clair, très clair, alors que des zones d'ombre narratives et morales n'auraient que renforcé le message du long métrage. Il s'agit cependant de seul véritable défaut d'Elysium, qui offre de nombreuses scènes d'action enlevantes et originales, en plus d'une réalisation inspirée. La caméra élégante et maîtrisée de Blomkamp fait un magnifique contrepoids à la brutalité des affrontements et à l'omniprésence de la violence.
Vrai que les acteurs secondaires ne font pas tous aussi bonne figure que Damon, qui a lui-même déjà été plus subtil, mais la présence d'un antagoniste fort (incarné par Sharlto Copley, brutal) rend la confrontation palpitante même dans les moments plus faibles. Qui sont peu nombreux, on le répète.
Excepté ces quelques redondances narratives, voilà un film de science-fiction de grande qualité, proposant une série de scènes d'action excitantes et un sous-texte prenant sur les inégalités sociales. Un film de science-fiction puissant et évocateur, qui utilise pleinement le concept d'anticipation pour souligner des traits de la société d'aujourd'hui. C'est ce qu'il faut faire, même dans un blockbuster estival où il y a des explosions et des bagarres. On peut être intelligent et divertissant. L'un n'empêche pas l'autre.