C'est triste de constater l'échec d'un (autre) film québécois, un film qu'on aurait vraiment voulu aimer, dont l'histoire nous intriguait avec une distribution panachée et un scénariste dont la réputation n'est plus à faire. Mais, c'est contrits qu'on doit accepter la triste réalité : Ego Trip n'est pas la comédie de l'été, elle n'est tristement même pas celle de la semaine...
Le film de Benoit Pelletier s'essouffle... rapidement. Les premières minutes sont assez intéressantes. Ce montage dynamique d'un animateur de talk-show québécois bourgeois, blasé et antipathique s'avère même plutôt convaincant. Les assises de cette histoire d'un homme envoyé en Haïti afin de redorer son image putréfiée par le vedettariat nous garde en haleine un temps, mais rapidement - beaucoup trop rapidement - le rythme devient las et notre intérêt du début se dérobe sous les facéties démesurées de Guy Jodoin et les vaines tentatives de Patrick Huard d'apporter un tant soit peu d'humanité à son personnage.
Il n'y a pas qu'un seul coupable ici, chacun des actants a sa part de négligence. La réalisation manque de tonus et de personnalité, le scénario aurait dû être davantage resserré et les acteurs jouent souvent trop gros et n'arrive jamais à dépasser la comédie et générer l'attendrissement du public, les rallier à leur cause.
Le spectateur n'a pas l'occasion de s'attacher suffisamment aux personnages pour s'inquiéter de leur sort et être remué lorsque ces derniers se retrouvent dans une situation hasardeuse. Et, donc, quand Patrick Huard se lance dans une envolée dramatique et qu'il confesse son amour infini à sa femme et ses enfants, le public ne voit que le mélodrame languissant, n'arrivant pas à saisir l'émotion tellement la structure défaillante ne lui en laisse pas la chance. Quand même « On va s'aimer encore » de Vincent Vallière n'arrive pas à sauver une scène dramatique, c'est qu'elle possède des lacunes critiques.
S'il n'y avait que le drame qui faisait défaut dans Ego Trip, peut-être arriverions-nous à lui pardonner, mais la comédie aussi est déficiente. Des blagues d'urine, d'hygiène corporelle douteuse et d'égocentrisme carabiné ne sont pas suffisantes pour générer les rires attendus. Il y a beaucoup de situations dans ce film qui sont drôles mais qui ne nous font pourtant pas rire. Intellectuellement, on peut considérer une chose amusante, mais émotionnellement parlant, elle peut s'avérer (comme c'est le cas ici) stérile et vaine. Le film manque définitivement de prises auquel s'accrocher pour émouvoir son auditoire.
Antoine Bertrand et Gardy Fury apportent une touche intéressante au film, mais ne sont suffisamment présents à l'écran pour contrebalancer le reste de ses faiblesses.
Ego Trip n'arrive malheureusement pas à redorer le blason du cinéma québécois populaire, qui a subi beaucoup de contusions au cours des dernières années. On espère vraiment qu'une d'entre elles saura bientôt renverser la vapeur, mais pour le moment Ego Trip se classe parmi les Hot Dog, L'appât, Le vrai du faux et autres tristes exemples du même genre; une comédie qui tombe à plat... rapidement.