Ce n'est pas un secret pour personne : Christopher Nolan est l'un des plus grands cinéastes de sa génération. Sa filmographie en est une sans faute. Pour la première fois de sa carrière, Nolan s'attaque à un drame de guerre réaliste en reconstitutiant la célèbre bataille de Dunkerque et de l'évacuation spectaculaire de plus de 300 000 soldats britanniques. Nous ne sommes guère étonnés de constater la nouvelle réussite de Nolan. Qu'il s'intéresse aux confins de l'esprit humain (Inception) ou à un pan de la Deuxième Guerre mondiale, le cinéaste britannique livre un produit d'exception.
La plus grande force de ce nouvel effort de Christopher Nolan est son réalisme transcendant. Pas de patriotisme déplacé ni d'héroïsme plaqué ici; ces soldats, pilotes et civils marins auraient pu exister dans la vraie vie. Le jeune acteur Fionn Whitehead impressionne dans le rôle d'un soldat de l'armée britannique, déterminé à ne pas laisser sa peau sur cette plage. Mark Rylance marque les esprits sous les traits d'un civil anglais qui affronte les mers et ses dangers avec son fils dans l'espoir de sauver quelques militaires et apporter son soutien à son pays.
Le réalisateur a choisi de dépeindre cette parcelle d'histoire depuis plusieurs points de vue différents, ce qui donne aux spectateurs une vision plus globale du conflit. Le montage a été réalisé avec finesse et intelligence de façon à ce qu'on ne s'éternise pas sur l'un ou l'autre des récits. Dans Dunkirk, les images et le son parlent souvent plus que le scénario lui-même. L'histoire n'est pas particulièrement étoffée et les dialogues sont rares. Le public est amené à vivre et ressentir la guerre plus qu'à la comprendre. Il n'y a pas une seconde qui est gaspillée dans ce film de 106 minutes (l'un des films les plus courts de Nolan).
Le suspense est maintenu du début à la fin. Le spectateur ne peut que se tenir au bout de son siège jusqu'à la salvatrice conclusion. Et, à la sortie de la salle, à la fin de la projection, le cinéphile transportera avec lui un peu de cette tension et de cette humanité jusque chez lui. Un grand film laisse ce genre de marque dans notre mémoire; un souvenir latent, une émotion pénétrante.
Le mixage sonore s'avère particulièrement épatant. Que ce soit le bruit des obus qui sifflent en se dirigeant vers leur cible ou celui de l'eau sur la coque des bateaux ou la respiration nerveuse des soldats sentant leurs heures comptés, le son a un effet immersif surprenant sur le public captif.
Bien que je ne sois pas prête à affirmer qu'il s'agisse là du meilleur film de Christopher Nolan, Dunkirk possède les qualités d'une oeuvre phare. Nolan ne vous raconte pas la guerre, comme bien d'autres l'ont fait avant lui, il vous la fait ressentir...
* Vu en version française.